Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/127

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de Gaudet d’Arras, dans le Paysan perverti, comme le type des amis dont ils doivent se méfier. Quant à son opinion sur les vieillards, elle est des plus tristes. Heureusement que l’exception faite en faveur de lui-même permet d’en espérer d’autres : « Si tous les vieillards ne sont pas des scélérats, c’est moins par principes que par inertie… Qu’on juge, après cela, de tout le mal que peuvent et doivent faire un vieux roi, un vieux ministre, un vieux juge, un vieux richard, dans tous les états[1]. » S’il n’est pas, lui-même, devenu un scélérat, c’est parce que « le sacré principe de la réciprocité » l’a retenu. Ce principe de la réciprocité sert de base à sa morale : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse. Rien de plus simple, de plus clair. Voilà ce qu’il faut inculquer de bonne heure aux enfants[1]. »

Restif était donc plus vraiment chrétien qu’il ne le paraît. D’ailleurs il ne parle qu’avec admiration de la morale de Jesuah, et reconnaît lui-même ses tendances chrétiennes dans le passage suivant : « Je serais meilleur chrétien que tous les hypocrites de nos jours, si laissant là tout ce qu’on a intercalé de faux dans l’Évangile, on s’en tenait à la fraternité qu’il établit, le cagotisme écarté. Je serais, disait très-bien de moi mon frère aîné, qui me devinait dès ma jeunesse, un rude chrétien[2]. Chrétien, il l’avait été avec madame Paran-

  1. a et b Monsieur Nicolas, p. 4074, 1re édition.
  2. Ibid., p. 4154.