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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 14, 1883.djvu/20

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MONSIEUR NICOLAS

accompagne les commencements de l’art d’écrire. J’avais la belle Rose toujours présente ; elle était ma Muse, et j’avançais l’ouvrage. J’y pris goût enfin, et quelques pensées m’ayant ébloui, comme il arrive à tant de petits auteurs, je crus produire un chef-d’œuvre : ce qui m’encouragea. Je me rappelle que les jours de fête, particulièrement consacrés à mon auteuromame, je passais fièrement dans les rues, l’air pensif, et me disant tout bas : « Qui croirait, en me voyant, que je viens d’écrire les belles choses de ce matin !… » Et ces belles choses, à l’exception de quelques pensées fines, étaient du boursouflage à la Du Rozoy. Mon style, dans cet Ouvrage, n’est pas encore à moi ; je m’efforçais d’imiter celui des livres que j’avais lus, surtout ceux de Mme Riccoboni.

Je ne répéterai pas ce qu’on a vu dans la IX^ Partie, comment peu sûr de moi, j’allai consulter un petit auteur… Enfin j’allai lire quelque chose de l’histoire de Mounk et de ses filles à mon ami Renaud, qui en fut enchanté !… Je repris courage, et je recommençai. L’Histoire du Jésuite Llamas intéressa vivement Renaud. Je fis quatre Parties, au lieu de deux ; à l’histoire de Léonor, fille d’Henriette, et véritable héroïne de l’Ouvrage, j’ajoutai plusieurs épisodes, destinés à faire connaître tous mes personnages. J’introduisis dans mon Ouvrage une Miss Cecily, jeune, jolie et méchante ; caractère mal choisi ; mais je ne pouvais me résoudre à mettre une femme laide dans ma Famille vertueuse : cette