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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 4, 1883.djvu/12

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2 1752 — MONSIEUR NICOLAS

quoique favorisé, la trahit auprès de Mme Parangon : Reine fut renvoyée, et nous eûmes, pendant quel- ques jours, une petite Comtoise, nommée Brigitte, si libertine, qu’elle avait donné un air de débauche à toute la maison, la maîtresse exceptée. Dés que le scandale eut blessé ses oreilles, elle demanda une vieille fille à ses parents. Ils nous envoyèrent /m/z- neton l’édentée, âgée de quarante à quarante-cinq ans. Celle-ci était riche de ses épargnes, et d’un petit bien au village : elle était mise avec propreté, coquetterie même, dans le genre ’de Marguerite Paris : ce qui parla aux sens de M. Tourangeot, autant que la petite fortune de Jeanneton parlait à son intérêt. Elle s’en aperçut, et ne desespéra pas de s’en faire épouser, quoiqu’elle connût ses engage- ments avec Tancienne favorite de M. Parangon, à laquelle le maître s’intéressait encore si vivement, qu’il lui rendait, le plus secrètement possible, de petites visites ténébreuses, lorsqu’il savait son Tou- rangeot occupé... Jeanneton échoua : non que Tou- rangeot fût constant, mais il sonda son patron, qui ne parut pas disposé à permettre l’abandon de Marie. Avant cette décision, la manière dont Tourangeot faisait l’amour à Jeanneton, a quelque chose de curieux. Chaque soir, après le souper, devant Bardet et Jean Lelong, jeune paysan de Migé, qui avait succédé à Thibaut, Tourangeot mettait la vieille fille sur ses genoux, lui levait les jambes avec les siennes au dessus de la tête, par une espèce de tour de force digne des Sauteurs de Nicolet, tandis que Lelong riait