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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 4, 1883.djvu/16

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6 1752 — MONSIEUR NICOLAS

en titubant, et se rendirent à la grand’messe, qui fut vigoureusement chantée. Nous y assistâmes, Gaudet, Bourgoin et moi, dans les stalles des pères, dont j’eus occasion d’observer les dévotes. C’étaient des filles du commun, qui ne fréquentaient pas d’autre église ; elles y entendaient tous les offices. L’une levait de temps en temps les yeux sur le père vicaire, assez beau garçon ; une autre regardait à la dérobée frère Boulanger ; celle-ci frère Saint-Hermine ; celle- là Gaudet d’Arras ; il y en avait pour père Sympho- rien, ou qui s’extasiaient en contemplant la bonne mine de frère Polyeucte... J’étais fort surpris, moi, dont les principes étaient encore sains et purs ; je gémis au fond de mon cœur de la corruption du siècle !

Après l’office, nous primes congé des pères, Gaudet, Bourgoin et moi : — « Je te remercie, » me dit le nouveau clerc de M. Minon, « d’une » partie aussi agréable pour moi, de toutes maniè- » res , puisque je l’ai faite par l’entremise d’un » ami, avec un parent que je n’avais jamais vu, » mais dont j’avais entendu parler, sans pourtant » savoir qu’il fût ici. — Je suis charmé de t’avoir » procuré de l’agrément, » lui répondis-je ; « mais » sans l’heureuse rencontre de ton parent, j’aurais » craint le contraire. — Comment donc ! tu me » donnes la première occasion de connaître les » moines, que je respectais encore ; tu m’éclaires, » tu m’instruis, en me faisant boire du vin des » Dieux, et manger d’excellents morceaux ! Sans