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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 4, 1883.djvu/15

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QUATRIÈME ÉPOQUE — 1752 5

mandise. Il était chef de loge ; les réceptions se fai- saient chez lui, et comme il était riche, il régalait souvent. L’âge de chaque bouteille était imprimé en cire sur le haut du bouchon... Nous étions treize à table : Gaudet d’Arras, le gardien, le vicaire, le cama- rade de d’Arras, pris avec lui dans le seigle ; frère Boulanger, grand et beau garçon ; frère Saint-Her- mine, figure mignonne ; le père Villetard, et trois autres, quoique ennemis de d’Arras ; Gaudet, Bour- goin, prote, et moi. On nous servit trois lapereaux rôtis, des langues de mouton de Troyes, deux cha- pons au gros sel, un plat de saucisses maintenues chaudes, et cuites au vin blanc chez le pâtissier Julien^ qui les faisait excellentes ; un pâté de lièvre, un pâté de perdrix, un troisième pâté d’anguilles, des confitures sèches et des biscuits, pour tremper dans le vin muscat. La joie brilla sur le visage des dix moines, à la vue des mets servis. On mangea, en disant quelques bons mots. Les vingt-quatre bou- teilles furent décoiffées ; j’avalai un demi-verre de celle de vingt-cinq feuilles, et ce fut le seul vin que je bus : Bourgoin se contenta de sa bouteille ; et malgré la sobriété de deux convives, le vin manqua au milieu du déjeuner. Le Champagne succéda en même nombre. D’autres mets reparurent ; d’Arras avait eu soin de faire une part honnête au moine célébrant, au portier, et au frère coupechoux ; ce qui lui concilia pour jamais ces deux derniers. On se jeta sur le dessert et sur le muscat. Tout disparut. La cloche sonna ; les pères et les. frères se levèrent