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II

En Allemagne le merveilleux existait déjà depuis de longues années. Consacré par Gœthe, Schiller et les plus grands écrivains, il se développa rapidement et, vers le commencement du xix e siècle, nous voyons une dizaine d’auteurs — quelques-uns de premier ordre — qui n’écrivent que des contes ou romans fantastiques. Bientôt ils se divisent en deux camps, et créent deux genres bien différents. Les premiers avec Tieck et surtout avec Jean-Paul Richter croient que pour parler de l’inconnu, pour présenter les choses qui ont rapport avec l’Au-delà, il faut donner aux récits un cadre et un entourage surnaturels ; les idées leur paraissent impressionnantes quand elles sont exprimées par une bouche qui n’est pas humaine, dans des conditions invraisemblables. Le décor où elles se meuvent doit mettre le lecteur dans une disposition qui sera plus en harmonie avec le sujet. Le conte fantastique n’est qu’un prétexte à développer des théories et des systèmes philosophiques ; mais de celte