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hôtesse pendant qu’elle sommeille le soir devantle feu de la cheminée. Comme sa nature de lutin lui donne une puissance surnaturelle il entoure Jeanne de tous les soins possibles. Malheureusement Jeanne apprend bientôt son amour ; de faux remords la saisissent et, avec l’aide d’un vieux et rigide moine du cloître voisin, elle chasse de la ferme le pauvre petit amoureux. Son absence cause des eflets tout contraires à ceux qu’elle attendait. D’abord elle est privée de tous les soins que Trilby lui prodiguait, et c’était une fortune que de l’avoir à son service ; d’autre part, la petite personne du lutin persécuté prend dans l’imagination de la pauvre femme qui fut injuste des proportions de plus en plus grandes ; déjà elle voit en lui un jeune homme très beau, qui lui plaît immensément, déjà des regrets la tenaillent, enfin elle se sent amoureuse de lui, et le sort inévitable qui emporte le lutin met aussi un terme à sa vie. Qu’elle est exquise cette psychologie de l’amour qui naît du mal fait aune créature, à une créature qui aime de tout son être, sans espoir, sans même la consolation d’un aveu. Et combien elle est fémi-