Page:Reval - La cruche cassee.djvu/22

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serré étroitement dans une ceinture, se meut, libre dans une robe de toile bleu foncé ; le cou, bien dégagé, est encadré par un grand col de piqué blanc ; Suzie porte le même costume que sa sœur, mais la jupe s’arrête à mi-jambe, découvrant un mollet bruni, un peu velu, au-dessus de la chaussette bleue ; la taille, encore un peu carrée, promet une ligne élégante lorsque le corps sera vraiment formé.

Aline a une chair de lait, un grain de peau d’une rare finesse. Le matin, sa toilette finie, ses joues sont si fraîches, qu’on les dirait poudrées d’une poudre de rose, mêlée à un impalpable givre. Ses traits sont d’un modelé délicat, un peu enfantins, peut-être ; les joues rondes, le menton en amande, la bouche très rieuse s’ouvre d’instinct pour sourire à tous, laissant voir jusqu’au fond, des dents immaculées ; un petit nez de chatte ; un front blanc et des veux clairs s’ombrant du léger nuage, que projettent dans l’eau vive du regard les longs cils retroussés.

Les cheveux d’Aline ont une teinte cendrée, elle les noue négligemment au bas de la nuque, leur laissant le pli soyeux d’une ondulation naturelle, tandis que Suzanne, très fière de son chignon, inauguré aux premières chaleurs, pique au sommet de la tête, comme une crosse d’archevêque, ses cheveux noirs tordus. Aline a une joliesse rustique. Suzie sera belle. Madame Robert ne cache point l’admiration que lui inspire la petite fille, et plus d’une fois elle a dit au capitaine, en regardant Suzanne :

— Avec ses yeux sombres et sa tournure de duchesse, nous n’aurons pas de peine à lui trouver un mari. Pourquoi notre aînée n’est-elle point aussi séduisante ?