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LE SOVIET DE PÉTROGRAD

Les mêmes tendances s’affirment dans une résolution votée par les soldats, officiers et étudiants réunis dans la grande salle de l’Institut technologique, le 16 mars 1917[1] :


Proposer au Comité exécutif des Soldats et des Ouvriers de publier un appel aux ouvriers de toute la Russie, en vue de faire un effort suprême pour intensifier au plus haut degré la production des munitions nécessitées par la défense nationale ; demander à toutes les parties de l’armée et de la flotte de renforcer leur puissance combative ; aux paysans et à toutes les classes laborieuses de la population, d’aider le front dans la cause de la défense des libertés russes contre Guillaume et Charles ; consacrer toutes les forces à la consolidation et à l’élargissement des libertés conquises, en se plaçant sous l’égide du Conseil des Soldats et des Ouvriers.


Conformément à ces suggestions, le Soviet est en effet intervenu pour régler des conflits entre les patrons et les ouvriers, et pour obtenir de ces derniers la cessation des grèves, la reprise immédiate du travail dans les usines, celles surtout qui travaillaient pour la défense nationale. Et toutes les fois qu’une insinuation était lancée contre les ouvriers de Pétrograd, prétendant que, dans un intérêt égoïste de classe, ils compromettaient la défense du pays, le Soviet intervenait pour vérifier le fait, pour envoyer des délégués de l’armée dans les usines ; il publiait le résultat de ces enquêtes dans son Bulletin. Un de ces documents mérite d’être cité ; c’est un appel, lancé le 17 avril 1917, par 203 délégués pris dans toutes les parties de la première armée :


Dans les jours mémorables de la Révolution, nous, soldats, nous avons combattu côte à côte avec vous, ouvriers… Par nos efforts communs, nous avons conquis la liberté. Mais cette liberté est menacée par l’ennemi extérieur et intérieur… Le premier, s’il arrive à forcer les tranchées, donnera la main à notre ennemi intérieur, pour nous imposer une double chaîne… Camarades ouvriers ! la plupart d’entre nous sommes des prolétaires comme vous… Nous vous prions de ne pas remettre à l’ordre du jour, d’un seul coup, toutes les questions ; usez de la liberté pour améliorer votre sort, mais n’abandonnez pas le travail, car l’ennemi vigilant est tout près. — Signé : Président, Tchentzof ; secrétaire, Romanoukha.

  1. Voir Informations du Soviet, No.