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LA REVUE DE PARIS

Voilà qui n’est pas mal parlé pour une prétendue armée de déserteurs. Et voici les constatations faites par des délégués :


Camarades citoyens ! Notre cœur saigne à entendre les insinuations diffamatoires des gens qui prétendent que les ouvriers, dans un intérêt de classes, ont négligé la défense nationale. Nous avons fait le tour de toutes les usines de Pétrograd, sous le tonnerre des machines ; nous avons nous-mêmes entendu et vu nos frères ouvriers travailler à la fabrication de tout ce qui est nécessaire à l’armée moderne. Nos frères ouvriers nous disaient, avec des larmes dans les yeux, que toutes leurs forces, toute leur vie, ils les donneraient pour le bien de la société et de l’armée. Nos frères ouvriers n’ayant pas de pain, ayant faim, se procurent des vivres par n’importe quel moyen, et pas un grain de la matière qui leur est confiée n’est perdue pour la production… ; tout est utilisé et la quantité et la productivité ne font qu’augmenter de minute en minute… À toute la Russie, nous adressons cet appel : ne croyez pas à ces inventions mensongères ; sachez que, seuls, les agents provocateurs vous disent le contraire. Frères ouvriers, nous qui avons vu vos larmes sacrées d’indignation, offensés que vous êtes dans votre dignité de citoyens, nous porterons dans les tranchées la nouvelle joyeuse que nos frères sont dans les ateliers et que la liberté de la Russie n’a rien à redouter[1].

IV

Ayant nettement tracé son programme, le Soviet va essayer de le faire passer dans le domaine de la pratique. Les circonstances l’ont forcé à participer plus étroitement au pouvoir qu’il ne l’aurait voulu. Le souci de renforcer l’esprit combatif de l’armée se manifeste d’une façon plus nette à partir du jour où cinq de ses membres ont consenti à faire partie du Gouvernement provisoire ; mais à mesure que l’activité militaire semble ainsi constituer la partie essentielle de son programme, il affirme de plus en plus énergiquement son désir de convoquer une conférence internationale, afin de se mettre en rapport avec les socialistes de tous les pays, pour élaborer un programme commun de paix universelle.

Une section spéciale, comme nous avons vu, a été formée par le Soviet pour s’occuper des questions extérieures ; en

  1. Voir Informations du Conseil des Ouvriers et des Soldats, no 32.