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LA REVUE DE PARIS

prochain… La démocratie révolutionnaire russe fait appel avant tout aux socialistes des pays alliés. Vous ne devez pas laisser parler dans la solitude la voix de notre Gouvernement provisoire. Vous devez forcer vos Gouvernements respectifs à déclarer catégoriquement et clairement qu’ils acceptent comme base de paix la formule « pas d’annexions ni de contributions » et le droit des peuples de disposer d’eux-mêmes. Vous donnerez ainsi à notre armée révolutionnaire, qui a inscrit sur son drapeau : « Paix parmi les peuples », la certitude que ses nouveaux et sanglants sacrifices ne seront pas vains. Vous lui donnerez la possibilité de remplir sa nouvelle tâche de lutte avec toute l’ardeur de son enthousiasme révolutionnaire. Vous renforcerez en elle la foi que, en défendant les libertés conquises par la révolution, elle lutte aussi pour les intérêts de la démocratie internationale. Vous obligerez les Gouvernements des pays ennemis, ou à renoncer définitivement et sans retour à toute politique de conquête ou de violence, ou à avouer publiquement ces desseins criminels et à déchaîner sur leurs têtes la juste colère des peuples.


Le même document, s’adressant aux socialistes austro-hongrois, les interpelle dans ces termes :


Vous ne pouvez pas admettre qu’à la faveur de la joie qui s’est emparée de l’armée russe, vos Gouvernements massent toutes leurs armées sur le front occidental pour écraser d’abord la France et se précipiter ensuite sur la Russie, sauf à être plus tard vous-mêmes victimes du même nœud coulant qui étranglera la démocratie internationale[1].


On voit que le langage de ce dernier manifeste diffère quelque peu du premier. C’est que, dans l’intervalle, le Soviet s’est trouvé en présence d’un sentiment plus clair de sa responsabilité, et d’autre part il a eu le temps de prendre contact avec des socialistes français. La mission d’Albert Thomas, d’Henderson et de Vandervelde a également commencé à produire ses effets.

Quel a été l’état d’esprit auquel les délégués ont eu à faire face, quelles ont été les difficultés qu’ils ont eues à surmonter ? C’est encore au Bulletin du Soviet que nous laissons le soin de l’exposer. Sous le titre : la Nouvelle victoire de l’internationalisme, nous trouvons ces lignes :


On sait que, jusqu’à présent, les tentatives de convoquer une conférence Internationale des socialistes se sont heurtées à la résis-

  1. Voir Bulletin du Soviet, no 55.