le plus beau cheval que Naples ait jamais fait courir dans ses fêtes, la plus belle haquenée de toutes les Espagnes, des étoffes d’or et des voiles brodés de Constantinople… Tu rêves et ne me réponds point ?
Je cherche un moyen. Si je pouvais l’éloigner un instant de sa mère, la femme est toujours femme, et la vertu s’amollit devant les richesses comme la cire devant le feu.
Tiens, prends cet or pour commencer et dis-lui de demander la fortune de vingt familles. Mais hâte-toi !
J’obéis ! Mais il faut que Votre Altesse évite les yeux clairvoyants de ma mère. Si elle concevait le moindre soupçon, la petite serait jetée dans un couvent ou envoyée aux Strozzi. Dans deux heures, je serai au Palais et j’espère porter à Votre Altesse une réponse favorable.
Je compte sur toi ! Compte sur la récompense.
Oui, compte sur moi ! Je jure par le ciel et par l’enfer, par le sein de ma mère et par la damnation éternelle que tu me trouveras aujourd’hui. Toi-même as marqué ton heure. Ô mon bien-aimé maître, je te remercie !
Scène III
Maître, as-tu assez du jeu ?
Non ! Je veux qu’on nous entende longtemps aujourd’hui. Crie plus fort.
Au secours ! Trahison ! Lorenzo du diable !
Ferme, allons ! Frappe du pied ! Tiens, fais comme moi ! (Il trépigne avec violence et crie d’une voix étouffée.) Traître ! meurtrier ! Tu m’as assassiné ! Je meurs !