Page:Revue de l'Orient Chrétien, vol. 8, 1903.djvu/433

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preuves du Coran, les Musulmans nous diront : Puisque vous argumentez d’une partie de notre livre, acceptez-le donc en entier !

— Point du tout ! répondirent-ils ; il n’en va point de la sorte. Je suppose en effet qu’un homme ait à la charge d’un autre un billet où est consignée une dette de cent deniers, et que le billet porte en même temps l’attestation du paiement effectué par le débiteur. Que le créancier vienne ensuite montrer ce billet et réclamer les cent deniers au débiteur qui prouve son acquit par la teneur du billet même ; le créancier pourra-t-il lui dire : « Comme tu reconnais l’attestation du paiement, reconnais de même la charge des cent deniers et paie-moi » ? Non, évidemment ; mais il doit le tenir quitte des cent deniers inscrits sur le billet, puisque à côté de la dette se trouve aussi mentionné le paiement.

Ainsi, quoi qu’on dise sur notre compte, quelles que soient les preuves tirées du Coran, que l’on apporte contre nous, nous les réfutons par d’autres en notre faveur, puisées dans ce même livre.

Aussi a-t-on dit que les meilleurs arguments sont les nôtres ; c’est ce qu’atteste le livre du prophète — selon son propre témoignage, Dieu nous a placés au-dessus des infidèles jusqu’au jour de la résurrection, parce que précisément nous suivons le Seigneur Jésus-Christ, Esprit et Verbe de Dieu. — D’après lui encore, nous sommes les plus portés d’affection à l’égard des croyants, et Dieu a mis dans nos cœurs la miséricorde et la compassion — Mohammad exalte notre Évangile et nos livres sacrés, nos monastères et nos églises ; d’après lui enfin les hommes des autres religions ne nous sont nullement supérieurs. Quelle peut être la raison d’une pareille estime, sinon notre propre excellence et nos bonnes actions ?

Nous serait-il donc permis, serait-il convenable d’abandonner ce que nous possédons, cette table que Dieu nous a envoyée et qu’il a placée comme un festin pour le premier et le dernier d’entre nous, et comme un signe de sa puissance, surtout quand il nous menace, si jamais nous étions infidèles, du plus terrible châtiment qu’il ait jamais infligé à aucun des mortels ? Pourrions-nous suivre l’apôtre destiné à d’autres que nous ? C’est ce que le Coran montre d’une manière évidente, et à ses