Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 13.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 7 —


d’un même radical. Il explique ces faits de la manière suivante : t reste après s, parce que deux spirantes de suite eussent été trop difficiles à prononcer. Une aspirée peut très bien, au contraire, suivre une spirante (s), comme le prouve les mots sanscrits sthâ, sthavira, etc. où le t originaire a été aspiré. De même t se substitue à th devant une nasale, parce que les spirantes et les nasales exigent des dispositions d’organe très différentes et ne se succèdent qu’avec peine. Tout cela prouve aux yeux de M. Hübschmann que les prétendues aspirées zendes ne le sont nullement.

Nous ne demanderions pas mieux que d’accepter cette théorie sans examen ; mais malheureusement il se soulève contre elle de fortes objections que nous devons énumérer.

a) Le premier principe posé est des moins sûrs pour ne pas dire davantage. En effet il est bien plus facile de prononcer deux spirantes de suite qu’une spirante et une aspirée. Il en est surtout ainsi de s-th (spirée) qui, dentales toutes deux, ne demandent qu’une même disposition de la bouche. Le zend en particulier n’a point horreur du contact des spirantes, puisqu’il abonde en mots tels que duzhzaotar, afçman, afshman, thrāfdhô, dughdhar, ghzharghzhar, etc. Dans Eredatfdhri il y en aurait jusqu’à trois de suite. Le motif du changement de thra en tra est donc tout autre qu’on ne le suppose ; on le verra plus loin.

L’exemple tiré du sanscrit est peu probant ; conclure d’une langue à l’autre c’est s’exposer à bien des méprises. L’italien dit très bien : stare, sperare, sposo, avec un groupe consonnantique initial ; tandis que le fran-