Page:Revue de métaphysique et de morale, avril-juillet 1921.djvu/14

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126-133) ; à l’interprétation de Hegel (pp. 162-168) ; de Vico (pp. 168-174) ; l’exposé et la critique de la philosophie de Croce, par Bosanquet (pp. 186-206) ; De Sanctis et Croce (pp. 224-8) ; Croce et l’éducation intellectuelle en Italie (pp. 249-259).

Le livre de M. Castellano est ingénieusement conçu et composé ; il donne une impression nette des différents aspects de l’activité de Croce et de la manière dont différents publics philosophiques, en Europe et en Amérique, y ont répondu. L’intérêt porté à l’œuvre de Croce par l’Amérique, et surtout l’Angleterre (W. Carr, Bosanquet et le traducteur Douglas Ainslie), est à signaler.

L’auteur n’a rien cité des écrits hostiles à Croce, le lecteur n’y perd probablement pas grand’chose : mais à quoi bon les qualifier, dans toutes les allusions qui y sont faites, d’inepties et d’insanités ?

Educazione e Religione in Maurice Blondel, par Enrica Carpita, une brochure de 80 pages, collection La Nostra Scuola, Vallecchi, Florence, 1920. — Mme E. Carpita a étudié le Sommario di Pedagogia de Giov. Gentile et a été frappée de l’affinité de cette pédagogie philosophique qui fait de l’activité spirituelle un long processus d’auto-éducation, avec la philosophie exposée en 1892 par l’auteur français de l’Action. Sans doute, ce dernier ne traite pas pour elles-mêmes les questions de pédagogie ; il a voulu faire une science de la pratique, sans chercher à donner explicitement des règles de conduite. Pourtant, la dialectique de M. Blondel renferme toute une conception de l’éducation. L’éducation est la formation intégrale de l’homme ; or, l’action n’est pas autre chose, si, à tout instant, en vivant, « nous nous sculptons nous-mêmes », et si agir, c’est organiser nos tendances anarchiques, développer en nous la vie de l’esprit, et nous faire intégralement, nous constituer dans la plénitude de l’être. Ajoutons qu’en nous formant ainsi nous trouvons Dieu en nous, non comme l’objet d’une immobile contemplation, mais comme un besoin essentiel, une exigence d’être et de vie, principe et terme de notre existence à la fois « en nous » et « sans nous ». Car tout se tient dans la dialectique de l’immanence ; la formation du caractère n’est achevée que par une éducation religieuse. Conscience, réflexion, liberté, action morale, vie religieuse, autant de degrés dans la dialectique, autant de manifestations d’une même vie et d’un même dynamisme. Mme Carpita expose avec intelligence et sympathie quelques-uns des principaux aspects de cette doctrine complexe en insistant sur ses conséquences morales et pédagogiques. Pour elle, la pédagogie n’est pas une simple culture de l’intelligence ; elle est la formation ou l’éducation intégrale. Et l’action, en tant qu’auto-éducation, fait disparaître les distinctions abstraites et factices entre l’éducation physique, l’éducation intellectuelle, la formation morale ; elle fait surgir le besoin religieux comme un moment essentiel et irréductible ; elle résout enfin de la manière la plus heureuse l’opposition entre l’autorité de l’éducateur et la liberté de l’élève. Par l’union étroite de la pédagogie et de la philosophie, M. Blondel fournit à l’éducateur moderne ce dont il a le plus pressant besoin, une conception efficace de la vie spirituelle et de son unité concrète.

La libertà d’insegnamento, par Bertrando Spaventa (una polemica di settant anni fa, con introduzione, appendice e note di Giovanni Gentile), 1 vol. de 185 pages ; collection La Nostra Scuola, Firenze, Vallecchi, sans date. — M. Giovanni Gentile s’est toujours préoccupé de rattacher sa pensée à la tradition nationale italienne ; on sait qu’il a étudié Rosmini, Gioberti et tout spécialement Spaventa, en qui il voit un de ses maîtres et dont il a réédité les Scritti filosofici. Il exhume aujourd’hui une série d’articles publiés par le philosophe napolitain, en 1851, dans un journal piémontais fondé par Depretis et dirigé par Correnti. Il Progresso était un organe démocratique, défendait l’idéal national italien, et comptait parmi ses collaborateurs Spaventa, Crispi, Camerini et Colombo. La question de la liberté d’enseignement était à l’ordre du jour en Italie comme en France ; Cavour venait de combattre le monopole des jésuites ; la loi Boncompagni avait libéré l’Université de toute ingérence ecclésiastique ; libéraux et catholiques revendiquaient, avec des intentions différentes, la liberté d’enseignement sur laquelle Melegari, rapporteur d’une commission d’études, venait de publier une étude importante. Le député Domenico Berti avait prononcé un discours retentissant en faveur du principe de la liberté. Spaventa, exilé de Naples, et qui n’avait pu obtenir une chaire dans l’enseignement public, était devenu journaliste et prit nettement position. On parlait beaucoup de liberté in