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IIme CONGRÈS DE PHILOSOPHIE — GENÈVE

que tout est lié dans l’univers, cela ne m’empêcherait pas de délibérer et de me décider, d’avoir plus ou moins de confiance dans ma puissance, et d’en juger d’après une enquête exacte sur moi-même, enquête dans laquelle je ne négligerai rien. Je crois donc que M. Rauh reste fidèle à la tradition philosophique, et que ses vigoureuses attaques contre la métaphysique visent surtout la métaphysique résumée, qui est en effet une pauvre chose.

Pour terminer, je dois donner une idée aussi complète que possible de la discussion qui a suivi la lecture du mémoire de M. Bergson sur le paralogisme psycho-physiologique. Le lecteur a certainement étudié de fort près le mémoire de M. Bergson. Il est difficile de résumer une argumentation qui s’efforce déjà d’être aussi concise que possible. La lecture de ce mémoire, lecture qui commandait l’attention, a provoqué chez presque tous les auditeurs un mouvement de surprise et d’inquiétude. Presque tous ceux qui étaient là avaient formulé bien des fois la thèse du « parallélisme psycho-physique ». Les plus prudents l’avaient présentée comme résumant exactement un grand nombre d’expériences concordantes ; personne, ou peu s’en faut, ne s’était occupé d’examiner si la simple énonciation de cette thèse enfermait une contradiction; or c’est ce que M. Bergson a prétendu prouver ; si la preuve était bonne, désormais il était interdit, même aux plus prudents, même à ceux qui s’attachent strictement aux données de l’expérience, de faire usage de la formule critiquée : aucun fait ne peut autoriser un homme à se contredire lui-même.

En même temps que l’expérience était ainsi écartée, la discussion se trouvait portée sur le terrain que M. Bergson avait choisi. Il formulait un dilemme, il donnait à choisir entre deux notations telles que si l’on renonçait à l’une, on devait employer l’autre ; si donc le dilemme était bon, et si l’argumentation était correcte, la thèse du parallélisme devenait impossible à formuler, à quelque point de vue qu’on se plaçait. Nul ne pouvait donc se contenter de voir dans cette thèse une des articulations d’un certain système de philosophie. De là l’émotion profonde que cette communication à soulevée, émotion qui se traduisit, à vrai dire, surtout par des conversations particulières, et dont la discussion qui suit ne pent donner qu’une assez faible idée.

M. le professeur Kozcowski, de Genève, remarque que dans une communication à suivre (énergie et conscience), il s’efforce de