que la relation mécanique d’atomes impénétrables. L’expérience religieuse saisit ces relations.
La métaphysique consiste à prendre une conscience croissante du monde surnaturel où l’individualité s’allie à la solidarité, et à y relier, de plus en plus étroitement, ce monde prochain et matériel où le sentiment de nos besoins les plus immédiats nous fait croire d’abord que se déroule toute notre destinée. Et tandis qu’elle voit ainsi les choses, la métaphysique contribue à faire qu’elles soient telles.
Philosophie très cohérente, en somme, et de plus en plus claire, à mesure qu’elle se développe. Sur un point peut-être, toutefois, la pensée de James était encore en train de se définir.
Si, visiblement, il prend pour devise la formule de Faust : Im Anfang war die Tat, qu’est-ce, au juste, à ses yeux, que cette action, origine des choses ? Que sont ces relations spirituelles entre consciences, fonds ultime des relations physiques que perçoit une conscience plus passive et plus superficielle ? N’y entre-t-il strictement autre chose que de l’amour et de la volonté ? Se réduisent-elles, jusqu’au bout, à de simples faits, dont toute la supériorité sur les faits physiques serait d’être plus intimes et plus primitifs ? Sont-elles, au fond, données, fortuites, irrationnelles ?
Il les faudrait tenir pour radicalement irrationnelles, si l’on admettait que la raison n’a d’autre forme d’existence que cet entendement statique dont James, constamment, a combattu les prétentions dominatrices avec tant de vigueur. A en juger par son langage, on pourrait croire parfois qu’il réduit ainsi la raison, prise dans la totalité de ses manifestations et dans son essence même, à n’avoir d’autre objet que l’absolu, l’un et l’immobile. La raison serait, en ce sens, exclusivement abstraite ; et, mise, dans l’esprit, au premier plan, elle deviendrait une maîtresse d’erreur. Il est remarquable, toutefois, que, mal satisfait, comme philosophe, des rapports où se confine la science, en tant que ces rapports ne lient les choses que du dehors, et, par suite, ne sont que des faits superficiels, James a cherché, de plus en plus, sous ces solidarités mécaniques, des solidarités comprises, consenties, appelées, voulues par la pensée intérieure et consciente des êtres, donc, en réalité, plus intelligibles. Il ne serait donc pas, semble-t-il, contraire à sa tendance d’admettre, derrière la raison statique des logiciens, aux catégories immuables, une raison vivante, ayant affaire, non à des concepts, mais aux êtres mêmes, et jalouse, non seulement d’unité, d’immutabilité et de
