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LES INSCRIPTIONS DE NAUCRATIS
ET L’HISTOIRE DE L’ALPHABET IONIEN

LETTRE À M. SALOMON REINACH

Kœnigsberg, le 10 mai 1890.
Cher Monsieur,

Il y a bien deux ans que vous avez appelé mon attention sur l’utilité qu’il y aurait d’exposer au public savant de France mon opinion sur les inscriptions de Naucratis et le problème paléographique qu’elles soulèvent. Des occupations de tout genre m’ont empêché de le faire jusqu’à ce jour ; mais, au point de vue scientifique, il y a toujours avantage à laisser reposer pendant quelque temps des questions sur lesquelles on a vivement pris parti, et peut-être ne serais-je même pas sorti maintenant de ma réserve si je ne m’étais aperçu que l’attitude prise par moi dans cette discussion n’est pas toujours fort exactement comprise. Dans l’intérêt de cette importante controverse, je veux donc essayer de l’exposer ici à nouveau, avec toute la brièveté et toute la clarté possibles. Ce coup-d’œil d’ensemble sera peut-être instructif pour les lecteurs de la Revue des Études grecques.

M. Kirchhoff, notre maître à tous en épigraphie grecque, a distingué, comme l’on sait, deux périodes de développement dans l’histoire de l’alphabet ionien. La plus ancienne période est représentée par les inscriptions d’Abou-Simboul, avec leur ϟ, l’emploi