Page:Revue des études grecques, Tome 3, 1890.djvu/309

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viennent de creuser, enfonçant des pieux obliquement dans le talus, les recouvrant de planches, et entrelaçant tout autour des fagots de branchages, de manière à former un avant-mur, par l’accumulation des projectiles qui l’atteignent d’en haut.[1]

§ 3. — De la tortue en forme de coin.

La tortue en forme de coin, amenée par des soldats, est supportée par des poutres quadrangulaires, d’un pied d’équarrissage ; elle doit être de bois bien dressé,[2] et être armée, au lieu de roues, de pointes en fer, de sorte que, quand on la met en place, elle se fiche en terre, et ne peut être arrachée pendant le combat.

La face postérieure de cette tortue aura de plus une poutre en travers qui la contrebutera, pour éviter le recul.

Il arrivera que les projectiles pesants tombant dans le fossé en écharpe seront rejetés de côté, ou, fondant sur les pieux obliques posés transversalement, seront également repoussés ; ou enfin, frappant sur le coin, ils se briseront de part et d’autre, et l’espace qui est au milieu sera à l’abri de leurs atteintes.

Ces tortues-coins doivent être nombreuses, pour être petites et faciles à transporter ; elles seront utiles jusqu’au moment de donner l’assaut ; la troupe des hommes qui travaillent au siège suivra, ayant ainsi une couverture[3] de largeur des coins.

§ 4. — De la tortue-berceau.

On doit protéger ces hommes au moyen de tortues légères,

  1. Ce procédé est analogue aux barrages en clayonnages construits par l’administration forestière pour l’extinction des torrents des Alpes.
  2. Pour ce passage, un peu obscur chez Apollodore, j’ai traduit en me basant sur la description de cette machine donnée par Héron de Constantinople (Chapitre 1er).
  3. Le grec dit une tunique ; nous dirions encore aujourd’hui dans le même sens, que les hommes sont couverts par la largeur des tortues, ou mieux, dans tout l’angle formé par le coin.