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TROUBLES RELIGIEUX EN AFRIQUE.

n’est pas sans raison que ce monarque voulait tenir éloigné de son royaume l’entreprenant Mohhammed ; car celui-ci était uni par des liaisons intimes à plusieurs séryns remuans du Kayor, surtout à ce Nghiâgha-I’ysay, contre lequel le Damel avait conçu de légitimes motifs d’appréhension, et qu’il voyait encore puissant à la porte de ses états : il avait intérêt à ce que l’audacieux et résolu mahdy ne vînt pas augmenter par sa réunion à l’ancien séryn de Koqy les dangers d’un tel voisinage. Des précautions furent donc prises pour empêcher Mohhammed de pénétrer dans l’intérieur du Ouâlo.

Ainsi repoussé, l’apôtre félan prit le parti qui semblait le plus périlleux : il rentra dans le Foutah ; sa présence y ralluma l’ardeur de ses anciens partisans, et l’on apprit bientôt qu’aux premiers jours de mai, Yousef déchu demandait asile aux maures de Berâknah, pendant que son infatigable compétiteur Ibrahym ou Biram était salué du titre d’êmyr-al-mouményn par le Youyallah ou conseil des imâms des trois Foutahs.

Après ce triomphe, Mohhammed vint rejoindre son partisan, son ami, l’ancien séryn de Koqy, et resserra les liens qui l’unissaient à lui en prenant au nombre de ses femmes une sœur de Nghiâgha-I’ysay. À peine le Damel eut-il la nouvelle de l’arrivée du mahdy dans le Ouâlo, que ses envoyés se rendirent à Daghanah pour concerter avec le Brak les moyens de saisir, par une double invasion, les deux énergumènes dont il redoutait les entreprises.