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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

lieues de Ciudad-Real[1], et qui disent à l’Europe : Vous ignorez l’âge de cette terre que vous avez appelée le Nouveau-Monde ; sa civilisation est peut-être aussi antique que celle de l’Égypte et de l’Inde ; une race que ses caractères physiologiques semblent classer à part, a dominé le pays, a élevé une ville immense dont l’architecture a quelquefois un caractère analogue à celui qu’on retrouve dans les monumens des Grecs et des Romains, et elle a disparu, si complètement disparu, que les pauvres Indiens qui errent au milieu de ses ruines, se contentent de les appeler les maisons de pierre (casas de piedras), car ils n’habitent que de pauvres cabanes, et ont encore moins de souvenirs des arts qui brillaient à Palenque[2], que les Arabes n’en ont de la puissance des Égyptiens. — Mais la surprise redouble encore quand on examine ces peintures hiéroglyphiques conservées à Dresde, reproduites dans l’ouvrage de lord Kingsbourough, et qui semblent, au milieu de leurs figures symboliques, offrir des caractères ayant une analogie frappante avec certains hiéroglyphes qu’on reconnaît sur les monumens de Palenque ! Ces livres sont-ils les livres de la ville inconnue ? diront-ils son nom ? découvriront-ils le grand mystère qui nous cache son origine ? seront-ils

  1. Il ne faut pas confondre Ciudad-Real de los Indios avec Ciudad Real de los Espanoles. Les ruines célèbres dont nous parlons sont situées à quinze milles N. O. de Santo-Domingo de Palenque, bourgade du Guatemala (état de Chiapa), province de Tzendales ; à trente lieues N. N. O. de Gueguetenango, à quatre-vingt-cinq lieues N. N. O. de Guatemala, vers le confluent de l’Ocozingo et du Rio de los Zeldales. La Société de géographie a déjà fait observer qu’il existe des rapports entre ces monumens et plusieurs autres ruines du Yucatan et du Guatemala.
  2. Le nom de Palenque est espagnol, et signifie barrière. Il signifie aussi chemin en planches ou en troncs d’arbres.