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REVUE DES DEUX MONDES.

meurtre du héros Sigurd et la vengeance tirée de sa mort dans le pays des Huns.

Je vais raconter brièvement les événemens du poème des Niebelungs. Je passerai ensuite à la comparaison de l’épopée allemande et des chants Scandinaves.

D’après d’anciens récits, il y avait à Worms, dans le pays de Bourgogne, une noble jeune fille nommée Chrimhilde, et dans les Pays-Bas vivait un noble fils de roi nommé Sigfrid. À l’époque où le poème commence, Sigfrid avait déjà accompli plusieurs hauts faits. Le plus merveilleux avait été de ravir à un dragon le trésor des Niebelungs. Un jour, il entend parler de la belle Chrimhilde du pays de Bourgogne, se prend pour elle d’un grand amour et monte à cheval avec ses guerriers pour courir cette aventure. Chrimhilde avait deux frères, dont l’aîné s’appelait Gunther et régnait en Bourgogne. Le plus redoutable de ses guerriers s’appelait Hagen. Les Bourguignons demandent à Sigfrid et à ses cavaliers ce qui les amène. « On m’a raconté dans le pays de mon père, dit Sigfrid, qu’ici étaient les plus braves guerriers qu’ait jamais commandés un roi ; j’ai beaucoup entendu dire cela et je suis venu ici pour en faire l’épreuve. » Puis il propose à Gunther de combattre en engageant réciproquement leur pays au vainqueur. Le roi décline la proposition, mais lui offre de tout partager avec lui, et à cette condition Sigfrid se radoucit ; « il resta un an dans le pays et sans voir la belle Chrimhilde. Pour elle, elle le voyait souvent de sa fenêtre et alors elle n’avait besoin de nul autre passe-temps. »

Voici comment ils devaient être rapprochés. Le roi de Saxe et le roi de Danemarck déclarent la guerre à Gunther. Il propose à Sigfrid de l’accompagner ; Sigfrid accepte, et taille en pièces les ennemis du roi. Pour sa récompense, on charge Chrimhilde de lui donner le salut de bien-venue. Sigfrid paraît devant elle, et ils se regardent l’un l’autre avec des yeux pleins d’amour. « Jamais dans la saison d’été, dans les jours de mai, il n’avait porté dans son cœur une aussi grande joie. » Mais bientôt une nouvelle expédition se présente. Il y avait en Islande, au-delà de la mer, une reine nommée Brunhilde, d’une grande beauté et d’une force