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SIGURD.

merveilleuse ; elle défiait ceux qui venaient lui faire la cour à des exercices dans lesquels elle excellait, et s’ils étaient vaincus, ils perdaient la vie. Gunther forme le dessein de tenter cette périlleuse aventure et demande encore à Sigfrid de l’accompagner. Il y consent à cette condition, que s’il sert le roi dans cette entreprise, il obtiendra de lui la belle Chrimhilde. Ils arrivent ensemble en Islande. Grâce à Sigfrid et à un chaperon magique qui le rend invisible, Gunther triomphe ou paraît triompher des épreuves et obtient la reine. Cependant Brunhilde diffère son départ et rassemble autour d’elle une foule immense de parens et de vassaux. Sigfrid alors va chercher du renfort dans le merveilleux pays des Niebelungs, habité par des nains et par des géants, pays qu’il avait autrefois soumis par ses armes et d’où il avait rapporté son trésor et son chaperon. Brunhilde cède enfin et accompagne son vainqueur. Sigfrid réclame de Gunther la main de Chrimhilde ; il l’obtient, et on célèbre à Worms les deux noces le même jour. Tout se passe à merveille entre Sigfrid et sa jeune épouse. Il n’en va pas de même pour le roi Gunther. Au moment où il se croit le plus sûr et le plus près de posséder la fière Brunhilde, elle lui défend de toucher sa blanche chemise ; et comme il veut braver cet ordre, la robuste héroïne détache un ruban qui lui servait de ceinture, lui attache les pieds et les mains et le suspend à un clou contre la muraille. Le lendemain, Sigfrid paraît très satisfait, mais Gunther est soucieux. Il raconte sa mésaventure à son beau-frère, qui est toujours son recours dans les grandes difficultés. Sigfrid, d’accord avec lui, s’introduit le soir dans la chambre royale, invisible au moyen de son chaperon. La reine le prend pour son époux et veut le traiter comme elle a traité celui-ci la veille. Il a beaucoup à faire pour venir à bout de cette terrible femme, qui tantôt le presse contre le mur, tantôt serre les doigts du fort Sigfrid de manière à faire jaillir le sang de ses ongles. Enfin il s’irrite de la résistance d’une femme : quand elle veut le lier, il la serre à son tour de manière à faire crier tous les membres de son corps. Alors elle se confesse vaincue ; Sigfrid lui enlève son anneau, et Gunther, qui, caché dans un coin, a assisté à cette étrange