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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.

30 septembre 1832.


Cette quinzaine aura bien été celle, sinon des grandes nouvelles, au moins des grandes mystifications.

C’est d’abord Sa Majesté catholique que l’on a fait mourir télégraphiquement. Là-dessus, tout le monde politique et financier de s’émouvoir ; les spéculateurs de se lancer dans de savantes opérations de bourse, et les publicistes dans de profondes discussions sur la loi salique. On avait fait déjà bien des marchés à terme et bien des combinaisons de régence ; mais ne voilà-t-il pas que quatre jours après sa mort, Ferdinand vii s’avise de ressusciter ! Voyez un peu quel désappointement pour messieurs les publicistes et messieurs les spéculateurs ! Les premiers en sont pour leurs prévisions, ce qui ne les ruine pas en somme ; parmi les autres, beaucoup pour leurs fonds, ce qui leur coûtera davantage, assurément.

Autre mystification :

On avait fait aussi grand bruit d’une guerre contre la Hollande. De concert avec les Anglais, nous allions enfin attaquer le roi Guillaume par terre et par mer ; nos troupes et nos vaisseaux se mettaient en mouvement, et le maréchal Gérard était encore une fois parti pour l’armée du Nord. En grossissant ainsi la voix et avec tout ce vacarme, voulait-on seulement effrayer le monarque néerlandais et lui arracher par surprise une adhésion aux protocoles ? Je ne sais : mais nous n’avons pas long-temps brandi nos sabres en l’air ; les voici déjà pacifiquement rentrés dans leurs fourreaux ; voici que nous nous sommes remis, comme auparavant, à promener nos patrouilles sur la frontière.

Quant au remaniement ministériel, c’est une tapisserie qui se fait chaque jour et se défait chaque nuit.

Il y a surtout M. Dupin qui donne bien du fil à retordre aux doctri-