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PHILOSOPHIE DE SCHELLING.

II.

Le mécanisme que nous venons de décrire se développe au dedans de certaines limites, dans le rayon d’une certaine sphère d’activité.

Cette sphère est ce qu’on appelle l’organisme, l’organisation.

Mais ce n’est pas partout aux mêmes conditions que les principes contraires se font équilibre, que se combinent les matières qu’ils mettent en jeu.

Les diverses sortes de combinaisons de ces matières donnent naissance aux divers organes qui constituent une organisation complète, de telle sorte qu’on peut regarder ces organes comme autant de sphères de moindres rayons, inscrites dans une autre sphère de rayon plus considérable.

D’un autre côté, les combinaisons diverses des deux principes contraires doivent se poser nécessairement en opposition symétrique les unes à l’égard des autres ; nous l’avons déjà dit. Les organes qui entrent dans une organisation complète doivent donc se répéter, se réfléchir mutuellement.

En envisageant le même fait sous un autre point de vue, on peut dire encore que la plante et l’animal, à chacun des degrés du développement organique par lesquels ils passent, doivent résumer tous les degrés de ce développement par lesquels ils ont précédemment passé. Ainsi fait la plante, par exemple ; car à peine est-elle parvenue à sa maturité, qu’elle pousse un bouton : or ce bouton est déjà toute une plante, qui, pour n’être encore qu’un germe, n’en est pas moins parfaitement semblable à la plante complètement développée, dont ce bouton a été le produit.

Du reste, il ne suffit pas de ces oppositions secondaires, renfermées dans les limites d’un même organisme, pour satisfaire à toutes les exigences de la loi du dualisme. Cette loi veut que tout ce qui existe ait son opposé. Cette loi veut, par conséquent, qu’à l’organisme tout entier corresponde un autre organisme, qui en soit la répétition exacte en même temps que l’opposition symétrique. C’est ce qui donne lieu à la distinction des sexes dans la nature organisée.