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VOYAGE SUR LE MISSISSIPI.

sud. De là aux chutes de Saint-Antoine, il y a environ une distance de cinq cents milles.

L’aspect du Mississipi au-dessus de l’embouchure du Missouri est si différent de ce qu’il est au-dessous, qu’il est bien reconnu maintenant que le dernier est le cours principal, et que le premier n’est qu’un tributaire. Au-dessus de l’embouchure du Missouri, le Mississipi est rarement obstrué de bancs de sable ; ses eaux sont claires et limpides, et le courant modéré. Au-dessous au contraire, il est encombré d’îles et de bancs immenses, l’eau devient bourbeuse et le courant impétueux. On peut dire enfin qu’il prend tous les caractères qui distinguent le Missouri ; mais, comme un changement de nom, quelque juste et exact qu’il puisse être, produirait une grande confusion sans présenter aucun avantage, ce serait, il me semble, une innovation inutile.

Quand ses eaux sont basses, le Mississipi a un mille ou un mille et demi de large ; peu de chutes ou de rapides l’interrompent dans toute la longueur de son cours. Ses sources, qui sont à trois mille trente-huit milles de son embouchure, sont élevées de treize cent trente pieds au-dessus du niveau de la mer. Son courant est généralement de trois à cinq milles à l’heure, et varie selon la hauteur de ses eaux ; il est quelquefois de six et sept ; son inclinaison moyenne est d’environ six pouces par mille. Dans le mois de mai ou de juin, il sort presque régulièrement de son lit, et couvre la plaine. La plus grande surface inondée commence dans l’état de Missouri, au confluent de la rivière Kaskaskia, et s’étend au nord jusqu’à l’embouchure du Missouri. Cet espace a environ cent milles de longueur, et plus de cinq cents milles carrés, ou trois cent vingt mille arpens carrés. Il y a peu de sol plus fertile, mais il est fort insalubre. Les terres qui bordent le fleuve, étant plus élevées que celles qui sont à une certaine distance, l’eau, en se retirant, laisse dans celles-ci des lagunes et des étangs qui exhalent en été des miasmes très dangereux.

La rive droite du Mississipi, depuis la Nouvelle-Orléans jusqu’à près de quatre-vingts milles au-dessus, est bordée de jolies habitations, où les Louisianais qui ne remontent pas au nord viennent passer l’été. Notre première halte fut à la petite ville de Bâton-Rouge (de fondation française, ainsi que presque toutes les villes de