Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
394
REVUE DES DEUX MONDES.


Scène II.


La maison de Cœlio.


HERMIA, plusieurs domestiques, MALVOLIO.


HERMIA.

Disposez ces fleurs comme je vous l’ai ordonné ; a-t-on dit aux musiciens de venir ?

UN DOMESTIQUE.

Oui, madame ; ils seront ici à l’heure du souper.

HERMIA.

Ces jalousies fermées sont trop sombres ; qu’on laisse entrer le jour sans laisser entrer le soleil. — Plus de fleurs autour de ce lit ; le souper est-il bon ? Aurons-nous notre belle voisine, la comtesse Pergoli ? À quelle heure est sorti mon fils ?

MALVOLIO.

Pour être sorti, il faudrait d’abord qu’il fût rentré. Il a passé la nuit dehors.

HERMIA.

Vous ne savez ce que vous dites. — Il a soupé hier avec moi, et m’a ramenée ici. A-t-on fait porter dans le cabinet d’études le tableau que j’ai acheté ce matin ?

MALVOLIO.

Du vivant de son père, il n’en aurait pas été ainsi. Ne dirait-on pas que notre maîtresse a dix-huit ans, et qu’elle attend son Sigisbé ?

HERMIA.

Mais du vivant de sa mère, il en est ainsi, Malvolio. Qui vous a chargé de veiller sur sa conduite ? Songez-y : que Cœlio ne rencontre pas sur son passage un visage de mauvais augure ; qu’il ne vous entende pas grommeler entre vos dents, comme un chien de basse cour à qui l’on dispute l’os qu’il veut ronger, ou par le ciel, pas un de vous ne passera la nuit sous ce toit.

MALVOLIO.

Je ne grommelle rien ; ma figure n’est pas un mauvais présage ; vous me demandez à quelle heure est sorti mon maître, et je vous