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LES CAPRICES DE MARIANNE.

OCTAVE.

Oui, pour agir d’après la mienne, qui est sa sœur aînée, et pour envoyer aux enfers messer Claudio le juge, que je déleste, méprise et abhorre depuis les pieds jusqu’à la tête.

CIUTA.

Je lui porterai donc votre réponse, et, quant à moi, je cesse de m’en mêler.

OCTAVE.

Je suis comme un homme qui tient la banque d’un pharaon pour le compte d’un autre, et qui a la veine contre lui ; il noierait plutôt son meilleur ami que de céder, et la colère de perdre avec l’argent d’autrui l’enflamme cent fois plus que ne le ferait sa propre ruine.

(Entre Cœlio.)

Comment, Cœlio, tu abandonnes la partie !

CŒLIO.

Que veux-tu que je fasse ?

OCTAVE.

Te défies-tu de moi ? Qu’as-tu ? Te voilà pâle comme la neige. — Que se passe-t-il en toi ?

CŒLIO.

Pardonne-moi, pardonne-moi ! Fais ce que tu voudras ; va trouver Marianne. — Dis-lui que me tromper, c’est me donner la mort, et que ma vie est dans ses yeux. (Il sort.)

OCTAVE.

Par le ciel, voilà qui est étrange !

CIUTA.

Silence ! vêpres sonnent ; la grille du jardin vient de s’ouvrir, Marianne sort. — Elle approche lentement. (Ciuta se retire.)

(Entre Marianne.)
OCTAVE.

Belle Marianne, vous dormirez tranquille. — Le cœur de Cœlio est à une autre, et ce n’est plus sous vos fenêtres qu’il donnera ses sérénades.

MARIANNE.

Quel dommage ! et quel grand malheur de n’avoir pu partager