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LÉLIA.

Nous sommes heureux de pouvoir offrir aux lecteurs de la Revue un fragment complet de Lélia. Ce nouvel ouvrage de l’auteur d’Indiana et de Valentine placera, nous l’espérons, G. Sand dans les rangs les plus élevés de la poésie et du roman. Lélia, autant que nous en pouvons juger sur une première et rapide lecture, participe du roman pour la grâce piquante des détails, pour la réalité simple et naïve, et en même temps du poème par l’élévation des idées, la grandeur des images, et la beauté idéale des sentimens.

Ce n’est plus, comme dans Indiana, le récit presque biographique d’une passion malheureuse et désappointée, ni comme dans Valentine, l’effusion et la candeur d’une âme de femme aux prises avec l’égoïsme desséché d’un homme du monde. La conception générale de Lélia relève d’une vue plus haute et plus générale. La vie extérieure y tient peu de place. L’exposition, le nœud, la péripétie et le dénoûment de ce drame mystérieux se dessinent et s’achèvent dans les plis de la conscience.

Lélia, nous en avons l’assurance, commencera une révolution éclatante dans la littérature contemporaine, et donnera le coup de grâce à la poésie purement visible.

Pour l’intelligence des pages qui vont suivre, il suffit de savoir que Sténio figure l’amour crédule, et Lélia le doute né de l’amour trompé.


(n. d. D.)