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REVUE DES DEUX MONDES.

LA DUCHESSE.

Quel étrange amour ! voilà qui est odieux !

Écoute ! il ne peut venir que par fureur ou par passion ; de toute façon c’est me faire mourir. Tue-moi, je t’en prie.

ROSETTE (reculant).

Non, madame ! moi tuer madame ! cela ne se peut pas.

LA DUCHESSE.

Eh bien ! au moins va dans mon cabinet. Tu écouteras tout, et dès que je sonnerai, tu entreras. Je ne veux pas qu’il reste plus d’un quart d’heure ici, quelque chose qu’il me veuille dire. Hélas ! si le chevalier le savait !

ROSETTE.

Oh ! madame ! il en mourrait d’abord !

LA DUCHESSE.

Pauvre ami ! — S’il se met en colère, tu crieras au feu ! Au bout du compte, je ne le connais pas, moi, mon mari !

ROSETTE.

Certainement ! madame ne l’a jamais vu qu’une fois.

LA DUCHESSE.

Oh ! mon Dieu ! ayez pitié de moi !

ROSETTE.

On revient, madame.

LA DUCHESSE.

Allons, du courage ! — Mademoiselle, dites que je suis visible.

ROSETTE.

Madame la duchesse est visible.

LA DUCHESSE (à genoux, se signant).

Mon Dieu ! ayez pitié de moi !

(Elle se couche à demi sur le sopha.)