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DES LÉGISLATIONS COMPARÉES.

guident dans nos cours et dans nos écrits ; la discussion pourra les répandre en les améliorant. Le haut enseignement doit toujours avoir un caractère initiateur, et même, s’il le faut, aventureux ; il n’est pas établi pour répéter ce que tout le monde sait. Il ne peut éclairer les esprits qu’en les devançant un peu, devoir laborieux, mais dont la difficulté même doit servir d’aiguillon. Je vais donc donner une esquisse légère de quelques principes et de quelques résultats de l’enseignement de 1834. Je commence.

i.

Au premier regard que nous jetons sur le monde moral, nous ne pouvons méconnaître les agitations internes qui travaillent les esprits. Les problèmes religieux sont remués, et dans cette vaste controverse le christianisme est à la fois chéri et critiqué : ses mérites sont appréciés avec tendresse, ses ellipses commencent à être notées, et il est juste de dire que derrière le christianisme, il se prépare quelque chose.

La philosophie vient de faire une dernière revue de ses travaux et de ses résultats dans le cercle du réalisme dialectique de la pensée allemande ; cela fait, elle aspire à tirer du présent et de la vie même de l’homme, de son organisme moral et physique directement observé, quelques principes énergiques et simples qui servent de fondement à des nouveautés fécondes, et il est juste de dire qu’après l’éclectisme germanique, il se prépare quelque chose.

En législation, les élémens de la sociabilité commencent à être étudiés ; on cherche les moyens de remettre un jour la gestion des affaires de l’humanité à sa raison même, et de triompher progressivement de la fatalité du passé, de ses irrégularités et de ses inconséquences ; aussi il est juste de dire que sous les formes de la constitution anglaise qui couvrent la moitié de l’Europe, il se prépare quelque chose.

Dans l’histoire comparée des législations nous ne saurions séparer la métaphysique de la politique, puisque nous devons confronter perpétuellement les idées et les faits. Les idées en elles-mêmes sont universelles, étendues et carrées ; les faits, dans leur