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UNIVERSITÉS ALLEMANDES.

progrès que la science a faits depuis un siècle ; mais alors ils étaient environnés de tout leur prestige, et ils ralliaient autour d’eux une foule d’élèves studieux. Plusieurs de ces professeurs eurent la gloire d’arriver à Goettingue avec un cortége d’étudians qui avaient déjà assisté à leurs cours dans une autre université, et qui voulaient, comme de braves soldats, suivre jusqu’au bout la bannière de leur premier maître.

Une fois installés à Goettingue, les professeurs se mirent avec ardeur à défricher le terrain qui leur était confié. On vit alors ce qui arrive toujours au commencement d’une entreprise difficile quand il s’offre à la volonté de l’homme beaucoup d’obstacles, et très peu de moyens de les surmonter ; on vit toute cette petite colonie de savans rivaliser de zèle et d’efforts pour mener à bon port la barque qui leur était confiée. Il n’y avait pas dans Goettingue assez de caractères d’imprimerie pour imprimer quelques affiches, on en fit venir d’Erfurt. On fonda un journal scientifique, le doyen des journaux allemands, qui a passé à travers toutes les révolutions et subsiste encore aujourd’hui dans la même simplicité de forme qu’il apparut il y a un siècle,. L’un des professeurs en prit la rédaction suprême, les autres se firent compositeurs, correcteurs, selon que le besoin l’exigeait. En même temps, on organisait une académie des sciences, qui, depuis le jour de sa création jusqu’à présent, a su rallier à elle les hommes célèbres de tous les pays ; l’académie allemande, destinée à seconder les progrès et le perfectionnement de la langue nationale, et une académie historique. Le gouvernement secondait à merveille ces nobles tentatives, et le ministre chargé spécialement de la direction spéciale de l’université, Münchhaüsen, semblait avoir été envoyé exprès par le bon génie de l’université pour lui prêter l’appui de son crédit, de son pouvoir et de ses lumières. L’œuvre scientifique s’opérait ainsi avec persévérance ; les professeurs enrichissaient chaque jour, comme de diligentes abeilles, leur ruche de miel, et, un beau jour, Goettingue se réveilla grande ville de pauvre bourg ignoré qu’elle était ; cette fois il fallut lui donner une place distinguée dans les dictionnaires de géographie et les livres de voyage. Il fallut que le savant tournât ses regards de ce côté, et que l’étranger jaloux de connaître les merveilles de l’Allemagne vînt y faire une halte, car Goettingue avait pris rang parmi les universités protestantes allemandes ; elle était devenue, comme on la nomme encore, la perle du royaume de Hanovre.

Elle avait son journal qui rendait compte des découvertes les plus importantes, ses sociétés savantes qui tenaient des assemblées régulières, publiaient des traités, distribuaient des prix ; elle eut bientôt son jardin botanique, son observatoire, ses cabinets de physique et d’histoire natu-