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LES ADVERSAIRES
DE
M. DE LA MENNAIS.

Il y a deux ans que nous adressant à MM. de Chateaubriand et de La Mennais, nous les sollicitions, dans l’intérêt de leur nom, d’adhérer tout-à-fait au mouvement de leur siècle. Depuis ce temps, ces deux hommes illustres ont achevé la défection glorieuse qui déjà les séparait du passé, mus par ces entraînemens irrésistibles qui sont la liberté du génie. M. de Chateaubriand a délaissé sans retour les souvenirs impuissans, les regrets inutiles, pour contempler l’avenir du monde, et l’ancien royaliste s’est fait démocrate. Il est impossible à M. de Chateaubriand d’assister au progrès des sociétés sans s’y associer avec éclat : il aime trop la gloire pour permettre à quoi que ce soit de le devancer ; quand il aperçoit les jeunes générations marchant dans leurs idées et leurs espérances d’un pas rapide et soutenu, laisser entr’elles et lui un trop long intervalle, il repart pour les rejoindre ; il quitte le foyer domestique, les réminiscences des anciens jours, jusqu’au soin de parer son tombeau ; il arrive haletant ; il crie : Me voilà, et les jeunes générations accueillent avec transport l’infatigable voyageur ; on l’accable de caresses, d’applaudissemens et de cou-