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DE L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE EN FRANCE.

Ces mesures n’opérèrent pas assez vite au gré des éleveurs de troupeaux. L’importation qui de 6,900,000 kil. en 1821, de 9,120,000 kil. en 1822, était tombée à 4,400,000 kil. en 1824, s’était relevée à dépasser 6 millions en 1825. On s’effraya de nouveau, et on porta en 1826 le droit à 33 pour cent de la valeur sur toutes les sortes sans distinction, avec défense d’admettre une déclaration au-dessous du prix de 1 fr. le  kil. pour la laine en suint, le double ou le triple pour les laines lavées à froid ou à chaud.

C’est donc justement quand, sous le ministère de M. Huskisson, l’Angleterre comprenait que les mesures prohibitives ou répulsives cessaient d’avoir quelque valeur, puisque la situation de l’Europe permettait à chaque état de les employer, c’est, disons-nous, dans ce même moment que les législateurs français s’empressaient de s’en emparer. Mais d’autres causes que celle de la concurrence étrangère agissaient sur le prix des laines. Plus on cherchait à en élever le prix, plus on mettait obstacle au commerce d’exportation, et la France cessant d’être un marché favorable pour les laines, les fabricans eurent de la peine à assortir des mélanges convenables. Le ralentissement des travaux devint plus funeste que le bas prix antérieur, et les troupeaux cessèrent de recevoir les mêmes soins. La France comptait 35 millions de bêtes à laine en 1819. Suivant M. Ternaux, elle n’en avait plus que 29,500,000 en 1828, donnant moyennement en laines lavées, 150,000 kil. de laines surfines, 5,000,000 kil. de laines fines, et 22,000,000 kil. de laines communes.

Depuis 1828, la production a encore diminué ; les prix, par des causes générales dans toute l’Europe, ont subi une hausse de 60 ou 80 pour cent, et la France, manquant surtout de laines communes, a importé dans toutes les espèces 7,950,000 kil. en 1830 ; 3,838,000 kil. en 1831 et 4,621,000 kil. en 1832.

Nous avons parlé de la législation anglaise et de ses variations. Les résultats justifient toutes les conséquences que l’on peut en déduire. La moyenne, pour le Royaume-Uni, des acquittemens de laine étrangère pour les années 1820, 1821 et 1822, n’atteint pas 6 millions de kilogrammes ; elle dépasse 12 millions et demi pour les années 1830, 1831 et 1832. Toute cette laine a été avantageusement employée par le fabricant anglais, et elle a empêché le pays de perdre la consommation des peuples étrangers qu’il était en possession de fournir. L’exportation des étoffes, bonneteries et lainages de toute espèce dont la valeur déclarée a été en 1820 de 5,586,000 liv. sterl., qui, quelquefois s’est élevée par occasion jusqu’à 6 millions sterl., est encore pour 1832 de 5,244,000 liv. sterl., ou plus de 131 millions de France, dans lesquels ne sont pas compris près