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sition des envois de Rome, ne méritent pas une semblable critique ; ce sont des ouvrages d’un fini précieux et d’une très bonne exécution, quoique un peu ronde. Les bustes de M. Legendre-Hérald manquent de simplicité. M. Mercier, que nous nommons pour la première fois, et qui débute d’une manière distinguée par les bustes en marbre des plus jeunes fils du roi, a trouvé la vulgarité en cherchant le naturel de l’expression. M. Grevenich a exécuté pour Versailles un buste du grand Condé, d’un faire large et dans le caractère de l’époque. On remarque un très bon buste en plâtre de M. Durez, de jolies statuettes-portraits de M. Barre fils, et même de M. Pradier, le Raphaël et le Benvenuto Cellini de M. Feuchère, l’un marbre, l’autre modèle en plâtre ; deux statues de demi-nature, ajustées avec goût dans le sentiment du xvie siècle.

Les modèles de statues en plâtre ne sont ni très nombreux ni très remarquables. Le Job de M. Klagmann est plus pauvre encore que vrai ; les lignes de cette figure ne sont pas comprises dans le sentiment de l’art. La Cléopâtre de M. Grevenich n’est pas non plus conforme aux lois de la ronde bosse. Exécutée en bas-relief, ce serait une bonne imitation des nymphes de Jean Goujon. M. Duseigneur, dans son saint Augustin, fait preuve d’un retour sincère aux règles sérieuses de l’art. Ses draperies sont encore lourdes et chiffonnées, la tête n’est ni antique ni africaine, comme devait l’être celle de l’évêque d’Hippone ; pour exprimer le moment où saint Augustin conçoit le repentir de ses fautes, M. Duseigneur l’a représenté fléchissant et comme près de tomber à genoux ; ces sortes de mouvemens intermédiaires ont toujours en sculpture l’inconvénient de l’obscurité. L’aspect général de ce modèle a de l’ampleur et de la simplicité. La Madeleine de M. Gechter présente une composition très heureuse, mais dans laquelle la forme manque d’élévation. Le meilleur de tous ces modèles est certainement le jeune David, de M. Chaponnière ; ici le galbe est pur, la tête gracieuse et naïve ; l’artiste a tiré bon parti de la grande épée et de la grosse tête de Goliath ; on aimerait à voir M. Chaponnière perfectionner sur le marbre l’étude de cette agréable figure.

La curiosité des artistes avait été d’avance éveillée par l’annonce des ouvrages de M. Préault : on parlait de tentatives plus que har-