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DE L’ÉCOLE FRANÇAISE.

dies ; mais le jury d’admission n’a pas laissé au public la liberté d’en juger par lui-même. Il eût fallu pourtant à cette exposition de la sculpture au moins quelque chose d’étrange pour raviver l’attention. On dirait, à parcourir cette salle, d’une séance de la chambre où l’on discute un projet d’intérêt local. Les rangs sont vides et les tribunes se dégarnissent.

vi.

Si le public était en goût de s’occuper de la gravure en médailles, j’appellerais son attention sur les travaux de M. Bovy, qui a le mérite de ne pas désespérer d’un art à peu près effacé de nos mœurs. Les ajustemens nouveaux qu’a risqués dans le cadre de ses médaillons M. Barre père, artiste dont la réputation est solidement établie, pourraient donner lieu à quelques développemens d’une critique spéciale. La gravure à la manière noire nous offre quelques excellens ouvrages de M. Prévost. Dans la gravure au burin, décidément abandonnée à son sort par l’indifférence du gouvernement, les noms de M. Girard et de M. Leroux se présentent à notre mémoire. L’ouvrage capital de M. Leroux est une Léda, d’après un prétendu tableau de Léonard de Vinci ; c’est la plus grande planche sur acier qui ait encore été exécutée. M. Leroux a trouvé dans l’emploi de ce procédé des ressources d’effet toutes neuves, et dont il s’est habilement servi. M. Richomme, dans son admirable planche de Henri iv jouant avec ses enfans, d’après M. Ingres, a donné une digne sœur à celle d’Adam et Ève, d’après la fresque de Raphaël. Nous y retrouvons, avec plus d’expérience, le graveur pur et harmonieux qui recueillit alors de si justes applaudissemens.

Mais, je le sais, on fatigue aisément le lecteur par une nomenclature qui pourtant ne dépasse pas les bornes de la plus stricte impartialité. Il me tarde d’ailleurs de parler du dernier tableau de Léopold Robert. Ce tableau, qu’on devait voir au salon, n’étant arrivé qu’après l’expiration du terme de rigueur, est devenu l’objet d’une exhibition particulière. La mort récente de l’artiste, et les circonstances de cette mort, redoublent l’intérêt qu’excite son der-