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son défenseur ou son conseil, à qui il l’avait peut-être confié, l’aura perdu sur sa route. Nous nous hasardons à donner, sans les approuver, quelques fragmens de cette défense, destinée d’ailleurs à la publicité ; nous tenons la pièce entière à la disposition de celui qui l’a perdue. En voici le début :


« Les accusés d’avril, en présence de l’avenir qui se prépare et s’accélère, doivent-ils accepter moralement la juridiction que la force brutale leur impose, et forcés de comparaître devant un tribunal exceptionnel, doivent-ils se choisir ou accepter des défenseurs ? enfin, la chambre des pairs, convertie en tribunal, est-elle compétente ? Bien plus, un tribunal, quel qu’il soit dans l’ordre de choses actuel, après la révolution de 1830, est-il compétent ? Telles sont les questions qui s’offrent à la pensée, au moment où juges et accusés vont bientôt se trouver en présence.
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« Accusé d’avril, ayant à répondre de mes actes devant la chambre des pairs, n’aurai-je pas, avant tout, à leur demander compte, de quel droit ils m’accusent et quel est leur mandat ? n’aurai-je pas à leur dire : Non, vous n’êtes pas mes juges, vous qui vous prétendez issus du pouvoir populaire, et qui voulez appliquer la justice en son nom ?
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« Non, vous n’êtes pas mandataires du peuple, vous qu’on a vus sous toutes les formes, et variant selon les révolutions, associer constamment vos noms aux actes.......


« Vous qui prétendez défendre et continuer l’œuvre des révolutionnaires de juillet ; vous qui, semblables aux stériles frélons, venez jouir sans travail des fruits de la victoire ; dites-nous donc, défenseurs privilégiés du pouvoir actuel, quels sont les bienfaits dont la France glorieuse ait à bénir ce régime.
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« Sous la restauration, le sang des patriotes a coulé de l’échafaud sur la place publique. Mais depuis 1830, il n’est point de ville où le domicile du citoyen n’ait été violé, et qui n’ait vu son pavé rougi du sang de ses habitans.

« Sous la restauration, le parquet, insatiable de vengeance, appelait