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GALERIE ESPAGNOLE
AU LOUVRE.

Jusqu’ici l’école italienne et l’école flamande ont été les seules dignement représentées au Louvre. On citait bien, çà et là, quelques magnifiques peintures de Murillo, de Velasquez et de Ribera ; mais ces chefs-d’œuvre, pour la plupart, vous apparaissaient isolés et sans suite. Quelques tableaux rassemblés au hasard ne font pas un musée. Le génie a ses temps ; on ne voit guère qu’il pousse, un beau matin, comme un champignon après la pluie ; certaines successions nécessaires précèdent son avènement. Pour faire un peintre comme Raphaël, un poète comme Alighieri, un musicien comme Mozart, il faut tout le travail d’un siècle ; l’un relève de l’autre dans cette grande famille, et c’est justement ce lien de parenté mystérieuse, qu’on retrouve dans le sanctuaire des musées, qui distingue l’étude grave et sérieuse des maîtres, d’une curiosité oisive qui se satisfait sans besoin de comparaison. Les collections logiques, pour ainsi dire, outre qu’elles augmentent à l’infini le nombre de vos richesses, vous aident merveilleusement dans l’appréciation des chefs-d’œuvre que vous possédez ; car, pour s’épanouir librement sous vos yeux, la belle fleur étrangère transportée en votre sol a besoin de cette atmosphère natale. À tout prendre, un musée espagnol manquait au Louvre ; on regrettait de n’y pouvoir suivre dans ses développemens ce grand art de la couleur chaude, de la forme énergique et du mouvement, ainsi qu’on peut le faire chaque jour, en ce qui concerne les écoles d’Italie et de Hollande. Les noms que nous avons jusqu’à présent salués en