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DE L’AMNISTIE ET DE LA SITUATION POLITIQUE.

a, pendant sa présence au ministère, parlé sur deux sujets importans, sur l’Espagne et sur les généralités de la politique intérieure. Ancien ami des whigs, M. Guizot, à la chambre des pairs, a presque considéré l’alliance anglaise comme un mauvais pas dont il fallait se retirer le plus tôt possible, comme un piége où la France était prise et enchaînée : il a félicité le cabinet du 6 septembre de lui avoir rendu sa liberté. « En acceptant la recommandation très sage que M. le duc de Noailles nous a adressée, a dit M. Guizot, je me dois, je dois à mes collègues, à mes amis, de lui faire remarquer, à mon tour, que nous ne l’avons pas attendue, que nous avons fait preuve constante, preuve éclatante de liberté, et que notre passé est, à cet égard, le meilleur garant de notre avenir. » Ainsi M. Guizot s’est vanté d’avoir exécuté l’alliance anglaise, comme l’entend le côté droit de la chambre des pairs qui la repousse, en donnant son assentiment à M. de Noailles : il est vrai que dans l’autre chambre on a entendu M. Guizot se faire un instant whig et interventionniste pour répondre à M. Berryer, tant il y a, dans l’esprit de cet homme d’état, de consistance et d’unité ! Pour la politique intérieure, M. Guizot a abandonné, sur le champ de bataille, l’administration dont il faisait partie, par le silence qu’il a gardé sur la loi de disjonction. Orateur du ministère, il n’a pas osé suivre dans la mêlée ses collègues et son chef. Le cabinet du 6 septembre dissous, M. Guizot retrouve la parole pour se poser comme une nécessité sociale contre l’envahissement du mauvais esprit de notre siècle. Pressé par une éloquente harangue de M. Odilon Barrot, il sacrifie, pour trouver une réponse, les opinions de son premier discours ; et, de même qu’il s’était fait interventionniste dans la question espagnole, pour répondre à M. Berryer, il s’est fait réformiste, pour répliquer à M. Barrot. Cependant, qui êtes-vous ? Où vous trouver ? Dans la résistance ou dans le progrès ? Avez vous promis, à vous-même et à vos amis, de passer par toutes les opinions et toutes les alliances, pour atteindre la perpétuité du pouvoir ? L’unique réponse à vous faire, quand vous êtes descendu de la tribune d’où vous aviez ému l’assemblée par des concessions soudaines, était qu’on vous présentât à signer la réforme parlementaire.

Si M. Guizot est fidèle à son premier discours sur les fonds secrets, il doit se caserner au côté droit avec quelques amis, la Paix