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ÉTABLISSEMENS LITTÉRAIRES DE COPENHAGUE.

4o Mécanique et technologie.

5o Histoire naturelle, minéralogie, botanique, zoologie.

6o Dessin géométrique et dessin de machines.

Les cours durent deux ans et sont publics. Mais les jeunes gens qui veulent être inscrits comme élèves, et suivre la carrière que cet établissement leur ouvre, doivent subir un examen sur l’histoire, sur la géographie, sur la géométrie et les logarithmes. Ils doivent aussi savoir assez bien le français et l’allemand, pour pouvoir lire un livre écrit dans une de ces deux langues.

Cette institution doit beaucoup à l’esprit intelligent, au zèle éclairé de M. le professeur Oersted, qui en est le directeur, et, depuis sa fondation, elle a déjà porté d’excellens fruits. Vingt-deux jeunes gens y sont entrés comme élèves, et plus de deux cents personnes ont suivi assidûment les cours de physique.

Le malheur est qu’en sortant de là les élèves trouvent difficilement une occasion de mettre en pratique les connaissances qu’ils ont acquises. Il n’y a pas en Danemark de grandes fabriques où ils puissent être employés, et le gouvernement a peu de places à leur donner. Ils sont donc réduits, pour la plupart, à redescendre en quelque sorte au-dessous de l’éducation qu’ils ont reçue, à devenir, dans quelques médiocres manufactures, chefs d’atelier, s’ils n’aiment mieux s’expatrier. Cette perspective n’est pas fort encourageante.

L’université de Copenhague a été illustrée plusieurs fois par d’importans travaux, par des noms chers au Danemark. Les sciences naturelles y ont été cultivées de bonne heure et avec succès. L’histoire, et surtout l’histoire du Nord, y a trouvé d’éloquens interprètes. Ole Worm et Bartholin ont tous deux enseigné ici la médecine ; Holberg y a donné des leçons de littérature, et, en 1574, Tycho-Brahé y a fait un cours sur la théorie des planètes. À deux de lieues de Copenhague est l’île de Hveen, où l’illustre astronome avait construit son observatoire, sa forteresse d’Uranie (Uranienborg). Il avait là une forge pour fabriquer ses instrumens, une papeterie et une imprimerie. Auprès de sa tour astronomique s’élevaient l’église de village et les maisons des paysans qui étaient venus s’abriter autour de la demeure du savant, comme des vassaux autour de leur seigneur. Tous les savans, tous les étrangers de distinction qui voyageaient en Danemark faisaient un pélerinage à Hveen, et s’enorgueillissaient d’avoir vu Tycho-Brahé dans son observatoire. Les instrumens qu’il avait inventés, les constructions qu’il avait fait faire, étaient, pour les temps où il vivait, de vrais prodiges. Il fallait que le peuple l’aimât beaucoup pour ne pas l’accuser de sorcellerie. Mais il avait des ennemis à la cour, et ces ennemis le perdirent. Un jour il fut obligé de quitter la solitude qu’il s’était choisie, la terre silencieuse où il avait passé tant de nuits consacrées à la science, tant d’heures de travail et de contemplation. Il fut obligé de quitter le sol de Danemark, où il était revenu avec amour, où il avait bâti l’édifice de sa gloire. Quand il s’en alla, il ne prononça point le mot d’ingrata patria ; il écrivit ces vers que l’on ne saurait lire sans émotion :