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DE LA FABLE
DE PROMÉTHÉE
CONSIDÉRÉE


DANS SES RAPPORTS AVEC LE CHRISTIANISME.[1]

Si la conception d’un ouvrage d’art est, en quelque sorte, indépendante de la volonté de l’auteur, il ne s’ensuit pas que le statuaire, le peintre, le musicien, le poète, soient condamnés à ignorer à jamais les principes auxquels ils se sont conformés, souvent à leur insu. Quand leur œuvre est achevée, la réflexion ne peut-elle se montrer chez eux après l’inspiration ? Dans les affections de l’ame les plus involontaires, il arrive un moment où, après y avoir cédé, on est libre de les examiner pour les condamner ou pour les absoudre ; pourquoi ce qui est possible dans les passions du cœur ne le serait-il pas dans les passions de l’intelligence ?

  1. Ce morceau sert de préface au poème que M. Quinet publiera dans les premiers jours de mars. La trilogie dramatique de Prométhée réunit à l’élévation qui distinguait déjà Ahasvérus et Napoléon une expression plus précise, un style plus transparent, et marque certainement un véritable progrès chez l’écrivain comme penseur et comme artiste. Ce que l’auteur explique ici sous la forme dialectique, il l’a traduit sous une forme vivante dans son poème, et le public lui saura gé d’avoir rajeuni la fable de Prométhée en la complétant.(N. du D.)