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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 février 1838.


Le moment de discuter les grandes questions est enfin venu, et nous en félicitons la chambre des députés. Le budget, la conversion et le remboursement des rentes 5 pour 100, l’augmentation de l’armée, l’organisation générale des lignes de chemins de fer, voilà enfin de quoi occuper la chambre et la tirer des discussions futiles qui se changent en questions de personnes. Dans ces discussions qui se préparent, la chambre aura à regagner tout ce qu’elle a perdu dans ses débats sur le costume, qu’elle a adopté et rejeté à la fois, sur la pension de Mme de Damrémont, qu’elle a réduite de 4,000 francs, avec le plus vif enthousiasme pour la belle mort du général, et dans quelques autres séances où ont éclaté, tout à l’aise, grand nombre de petites passions contradictoires. Il est bon vraiment, et bon pour tout le monde, que la chambre des députés entre dans les grandes questions. On saura enfin ce qu’elle est, elle le saura elle-même, et l’on verra bien ce qu’il est permis d’ignorer, si elle tient plus à une certaine petite popularité auprès de quelques journaux et de quelques électeurs, qu’à la dignité extérieure, à la sécurité de la France et au maintien de l’ordre dans le pays.

Une des premières questions qui se trouveront à l’ordre du jour est la proposition de M. Gouin, renouvelée cette année par l’honorable député.

On peut voir, en lisant la proposition de M. Gouin, qu’il restera beaucoup à faire dans la discussion, au sujet du projet de loi sur la réduction des rentes ; car toutes les difficultés qui s’opposent, depuis plusieurs années, à l’exécution de ce projet, devront se trouver résolues dans l’ordonnance royale insérée au Bulletin des Lois. En un mot, M. Gouin charge le ministère de trouver, d’inventer un projet de remboursement qui concilie la morale et la justice avec la nécessité de cette mesure, qui ne dépouille pas trop brutalement les rentiers, et qui les dépossède toutefois ; qui ne jette pas la France dans un embarras financier au moment où semblent s’élever quelques embarras d’une nature grave. M. Gouin se borne à son projet de réduction,