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REVUE MUSICALE.

Mademoiselle Sophie Loewe.

La question est aujourd’hui de savoir si Mlle Loewe sera engagée à l’Opéra. Plusieurs fois déjà nous avons dit la triste situation où se trouve à cette heure l’Académie royale de Musique, les incertitudes du répertoire, le dénûment de ce personnel qui fut un des plus riches qu’on ait vus, mais où le temps, la mort et l’absence ont fait de larges brèches, par malheur bien peu habilement réparées, du côté de l’ensemble surtout. En effet, qui pourrait distinguer quelle école règne aujourd’hui à l’Opéra, dans quelle voie on marche ? Quelle sympathie, quelle affinité de talens et de manières existe entre ces vétérans de la routine et ces hommes nouveaux formés au genre italien, entre le ténor et la prima donna, entre Duprez, chanteur méthodique et sévère, et M. Stoltz, qui semble ignorer jusqu’aux premiers élémens de l’intonation et de la mesure, nous ne parlons pas du style ? Cependant la première nécessité pour un théâtre de musique, c’est l’ensemble, et quatre voix qui s’accordent et sympathisent entre elles constituent un ensemble ; voyez les Italiens, voyez l’Opéra aux beaux jours de Robert-le-Diable. Qu’on donne à Duprez et à Baroilhet une cantatrice de leur trempe, que Meyerbeer s’en mêle, et dans un an vous aurez un ensemble, une harmonie, une Académie royale de Musique ; vous sortirez de cette Babel déplorable, où toutes les langues, tous les styles