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DE L’INFLUENCE FRANÇAISE EN ITALIE.

peuvent rien dire qui ne soit lu et commenté avec soin, et que, quand on est investi d’un tel ascendant, il faut ne rien avancer à la légère et sans y avoir réfléchi.

Telles sont les causes qui, nous le répétons avec un profond regret, ont affaibli dans ces dernières années l’action de la France en Italie. Elles se résument en deux mots : méfiance envers le gouvernement, irritation contre la presse française. Et pourtant l’alliance la plus intime ne serait-elle pas également utile aux deux pays ? N’est-il pas dans l’intérêt de la France de chercher à exercer en Italie une influence pour laquelle on a répandu tant de sang, et dont résultera toujours une diminution relative de la puissance des ennemis qu’on pourrait avoir à combattre un jour ? Abandonnant ses anciens projets de conquête, la France relèverait infailliblement son ascendant en Italie, si elle se bornait à y exercer un patronage éclairé, et à s’y montrer prête, dans la paix comme dans la guerre, à soutenir le progrès. En temps de paix, elle doit rassurer les gouvernemens italiens sur ses intentions, se montrer favorable à toutes les améliorations, sans essayer d’imposer sa volonté. Que les peuples et les princes sachent que la France est disposée à donner au moins un appui moral à leur indépendance sans jamais vouloir y porter atteinte, qu’elle ne veut que contrebalancer la prépondérance exclusive de l’Autriche, et elle deviendra l’arbitre des destinées italiennes, car les conseils calmes et persévérans d’une grande nation finissent toujours par être écoutés. Mais il faut, avant tout, qu’elle se trace une ligne constante de conduite, sans jamais s’en départir. Au lieu de s’avancer quelquefois un peu à la légère, de manière à faire concevoir des espérances exagérées aux libéraux, pour reculer ensuite, il vaut mieux qu’elle reste en repos. Car, par sa constitution, par sa position, par sa littérature, par la gloire de ses armes, elle exercera toujours en Italie une action qui ne pourrait qu’être affaiblie par des tentatives avortées. Elle doit chercher à y répandre les produits de son industrie ; elle doit surtout prouver aux princes qui voudraient préparer des réformes, et il y en a peut-être dans la péninsule, que dans les lois, dans l’administration, dans l’instruction publique, on ne peut rien réformer sans adopter ses principes.

Voilà quel rôle, en temps de paix, doit jouer la France en Italie. Pour le cas de guerre, il faut que, renonçant, nous le répétons, à toute idée de conquête, elle se borne à vouloir éloigner les Autrichiens d’Italie, en déclarant qu’elle laissera aux Italiens réunis et rendus à l’indépendance le soin de se constituer comme ils le juge-