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HISTOIRE DIPLOMATIQUE DE LA QUESTION D’ORIENT.

gardée à Londres, après le traité de juillet, par les discours que lord Palmerston lui fait tenir. Quelque détachement de la pensée nationale que l’on suppose en effet à un homme politique, on ne peut pas admettre qu’il se réjouisse des succès de l’étranger et des revers de son pays ; M. Guizot aurait dit, suivant lord Palmerston :

« Si l’évènement prouve que vous avez raison, et si toutes ces affaires s’arrangent comme vous l’espérez, le gouvernement français sera enchanté de voir que ses appréhensions étaient sans fondement. » (Lord Palmerston à M. Bulwer, 22 juillet.)

Voici encore le langage que tenait lord Palmerston à M. Guizot après la prise de Beyrouth :

« Je rappelai à M. Guizot qu’il m’avait dit souvent, en parlant de l’expédition que nous entreprenions dans le Levant, que, si nous faisions les choses promptement, tout irait bien ; mais que, si l’expédition languissait et si l’on n’arrivait pas bientôt à un dénouement heureux, des questions nouvelles et imprévues s’élèveraient, et des difficultés sérieuses pourraient surgir, qui créeraient des embarras entre la France et les quatre cours. J’ajoutai que nous n’avions fait que suivre les conseils du gouvernement français en cherchant à faire les choses promptement, mais que les difficultés ne pouvaient pas être surmontées avec promptitude sans des actes de vigueur. » (Lord Palmerston à M. Bulwer, 15 octobre.)

On ne comprendrait pas que M. Guizot eût écouté de sang-froid cette implacable raillerie, ni qu’il eût permis au ministre anglais d’insulter ainsi à tout sentiment humain, en faisant des épigrammes sur le bombardement de Beyrouth. Mais, sans insister davantage sur les termes, allons droit à la prétention que couvrent ces paroles de lord Palmerston, et qu’il avait articulée pour la première fois dans le memorandum communiqué à M. Guizot le 17 juillet.

Dans ce document, lord Palmerston se prévalait des déclarations réitérées que le gouvernement français aurait faites, promettant de ne s’opposer, dans aucun cas, aux mesures que les quatre cours, de concert avec le sultan, pourraient juger nécessaires pour obtenir l’assentiment du pacha d’Égypte. L’assertion du ministre anglais fut contredite sur l’heure par M. Guizot. J’emprunte encore le récit de cet incident à la dépêche du 22 juillet.

« M. Guizot me dit que l’assertion du memorandum était beaucoup trop générale, et que la France n’avait jamais tenu ce langage ; qu’au contraire, si des mesures adoptées par les quatre puissances venaient à naître des évène-