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FEU BRESSIER.

Arnold. — Discussion également renvoyée au dessert. M. et Mme Bressier seront désolés de leur… comment dirai-je ?

M. Cotel. — Étourderie.

M. Morsy. — Impolitesse.

Arnold. — De leur oubli… Vous ne m’avez pas fourni de mot, Marcel.

Marcel. — J’adopte oubli.

Arnold. — M. et Mme Bressier seront désespérés de leur oubli ; comme amis de la maison, M. Marcel et moi…

Marcel. — Parlez pour vous, Arnold.

Arnold. — Est-ce que vous n’êtes pas ami de la maison ? Pardon, je l’avais supposé. Effaçons donc le nom de M. Marcel… Comme ami de la maison, je vous reçois à leur place ; si chacun veut y mettre un peu du sien, nous aurons à dîner, et nous aurons le dîner le plus gai du monde. Qui veut parcourir la maison avec moi pour nous mettre au fait des ressources que présente cette île déserte à sept Robinsons affamés ?

M. Morsy. — Ma foi, M. Arnold a raison, je vais avec lui à la maraude ; il faut que tout le monde se mette à l’ouvrage : vous aussi, mesdames. Monsieur Cotel, vous allez allumer le feu à la cuisine.

Arnold, qui avait disparu un instant, revient avec des toiles d’araignées dans les cheveux et trois bouteilles de vin dans les bras.

— L’île produit du vin, la cave est bien garnie, rafraîchissons-nous avant tout.

On trouve des verres à grand’peine, on boit, Marcel s’approche d’Arnold et lui dit tout bas :

— Au moins, Arnold, soyez modéré. Vous savez comment est M. Bressier.

Arnold, bas. — Tant pis pour lui ; je suis sûr qu’il l’a fait exprès.

Marcel. — Oh ! oh !

Arnold. — Je vous le prouverai au dessert.

On commence à rire de la situation, et chacun prend son parti.

Arnold apporte des tabliers de cuisine qu’il a trouvés dans une armoire, les hommes s’en affublent. Mme Morsy en essaie un, on s’écrie qu’elle est charmante ainsi, elle en fait mettre un à sa fille ; on fouille partout, les dames mettent le couvert.

M. Cotel aîné allume le feu, M. Cotel cadet furète la maison avec M. Morsy et Arnold ; Marcel, qui paraît contrarié, est cependant forcé par Mme et Mlle Morsy de rincer les verres, de ranger les chaises, d’aller chercher de l’eau, etc.