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REVUE DES DEUX MONDES.

— C’est que maman va me gronder.

— Pourquoi cela ?

— Parce que je vais rentrer tout mouillé.

— On va te changer avec des habits d’Ernest.

— Les miens n’en seront pas moins mouillés. Mon Dieu ! comme maman va me gronder !

— Pauvre enfant ! elle devrait t’embrasser au contraire, car tu as été brave et généreux.

— Mais, mes habits.

— Eh bien ! dit M. Morsy, je vais te reconduire ; je lui dirai ce qui est arrivé, et elle ne te grondera pas.

De ce jour, la connaissance fut faite entre Mme Seeburg et la famille Morsy.

Mais le lendemain, Ernest eut la fièvre et resta au lit. Paul vint le voir et fit tout ce qu’il put pour l’amuser. L’enfant fut malade pendant quelques jours. Quand il fut convalescent, on le portait au jardin, où il restait assis ; Paul et Lilie étaient à ses côtés ; Paul était ingénieux pour trouver des amusemens tranquilles ; il faisait des bulles de savon avec un chalumeau de paille ; il usait des noyaux sur des grès et les perçait pour en faire des sifflets.

— Est-ce vrai, Paul, demanda Cornélie, que si on plantait des noyaux en terre, il viendrait des arbres ?

— On me l’a dit, répondit Paul, mais je n’ai jamais essayé.

— J’aimerais bien faire venir des arbres, dit Cornélie.

— Veux-tu que nous en plantions un ?

— Oui, je veux bien.

— Il sera à nous deux.

— Et quand il sera grand, nous partagerons les fruits. Mais où le planter ?

— Ah ! voilà. Vous n’avez donc pas de jardin, vous deux ?

— Non.

— Ah ! moi, quand nous demeurions à la ville, papa avait un grand jardin, et j’en avais un petit dedans que je cultivais moi-même.

— Et cela t’amusait-il bien ?

— Joliment, va ; j’avais de belles fleurs, et des fraises, et de tout.

— Je vais demander à maman qu’elle me donne un jardin.

— Et à moi aussi, dit Ernest.

Mme Morsy assigna un jardin à Ernest et un à Cornélie, et elle voulut que Paul eût aussi le sien.

Au bout de quelques jours, Ernest n’en voulut plus, parce qu’il ne