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L’ANGLETERRE ET LE MINISTÈRE TORY.

Voilà pour les tories. Quant aux whigs et aux radicaux, la lutte avec eux fut non plus dangereuse, mais plus sérieuse. C’est d’abord M. Labouchère qui proposa de fixer à 20 shel. le droit sur les sucres coloniaux, et à 30 shel. le droit sur le sucre étranger ; c’est lord Howick qui demanda que le droit sur le café étranger fût fixé à 7 d. la livre au lieu de 8, le droit sur le café colonial restant à 4 d. De ces deux propositions, la première fut rejetée par 245 voix contre 164, la seconde par 81 voix contre 48, et le monopole des Antilles se trouva ainsi consacré. Quant au monopole du Canada, il ne fut attaqué directement que par M. Roebuck, qui proposa un droit de 20 shel. sur le bois de construction de toute origine, mais qui ne put réunir en faveur de sa proposition que 16 voix contre 243. Les whigs d’ailleurs se contentèrent de critiquer amèrement le projet ministériel, qui, en réduisant à 1 shel. le droit sur le bois du Canada, et en laissant subsister sur le bois étranger une surtaxe de 25 à 30 shel., doit faire perdre au trésor 600,000 livres par an ; mais à ce projet populaire comme toute diminution d’impôt, ils n’osèrent pas opposer une négation formelle. M. Bowring enfin demanda pourquoi les vins, les eaux-de-vie et les soieries restaient frappés d’un droit supérieur à 20 pour 100, et sir Robert Peel reconnut l’exagération de ce droit ; « mais, ajouta-t-il, des négociations commerciales sont entamées à ce sujet avec la France, et le gouvernement, par des concessions anticipées, n’a pas voulu se désarmer. » Cela veut dire que, si les négociations n’eussent pas été entamées, il y avait chance que nos produits fussent traités comme ceux des autres nations. Il n’est pas probable que les négociateurs français aient attendu de leurs efforts un semblable résultat.

Une question d’une tout autre nature, celle de l’établissement à l’exportation d’un droit sur la houille, donna lieu aussi à de vifs débats, soit dans le pays, soit dans la chambre ; mais, après quelques pourparlers avec les propriétaires des mines, ce droit, fixé à 4 shel. par tonne par navire étranger, et à 2 shel. par navire anglais, reçut l’assentiment de lord John Russell, et passa à la majorité considérable de 200 voix contre 67. Le tarif, dans son ensemble, fut ensuite voté sans division, et la victoire de sir Robert Peel sur ce grave sujet fut encore plus complète que sur l’income tax, ou sur la loi des céréales.

En récapitulant, voici l’ensemble des mesures financières proposées par le cabinet tory et votées par les chambres. Par l’income tax, le cabinet tory compte faire entrer dans les caisses de l’état la somme