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SITUATION FINANCIÈRE DE LA FRANCE.

sont, ne pouvait-on pas les entreprendre successivement, au lieu de s’y livrer simultanément ? Sont-elles, en tout cas, le dernier mot des améliorations qu’exige la bonne gestion des intérêts publics ? Le chiffre des dépenses actuelles est-il une limite extrême que l’on ne franchira pas à l’avenir ? voilà ce que nous discuterons avec plus de fruit, en prenant pour base le budget de 1844 qui augmente encore les charges prévues par celui de 1843.

Nous avons déjà fait remarquer que le budget ordinaire de 1844 s’ouvrait en déficit, et cela sans pourvoir suffisamment aux services les plus essentiels. C’est le cas de rappeler les paroles que M. Humann prononçait en présentant le budget de 1843. « Une grande nation comme la nôtre, disait ce ministre, peut supporter sans alarmes des charges accidentelles ; c’est surtout en vue de ces nécessités, que le cours des évènemens ramène à des intervalles plus ou moins longs, qu’elle s’applique à maintenir son crédit, à l’aide duquel elle peut y pourvoir. Mais, quand les ressources du pays cessent d’être au niveau de ses charges permanentes, il y aurait péril pour la chose publique à ne pas se hâter d’y porter remède. Pour y parvenir, il n’est que deux moyens : réduire les dépenses ou augmenter les revenus. La réduction des dépenses a toujours été parmi nous une tâche peu productive et qui manquait parfois son but ; les travaux annuels de vos commissions l’attestent. Ce n’est donc qu’en augmentant les produits de l’impôt que nous pouvons espérer d’aligner nos budgets. » M. Humann a trop tôt désespéré de la possibilité d’opérer des économies dans les dépenses de notre gouvernement. Qu’importent les lumières

    côté, le trésor abandonnant des ressources importantes, la loterie et les jeux, pour déférer à des réclamations faites au nom de la morale publique, une forte part de l’impôt des boissons pour soulager une de nos principales productions agricoles.

    « Pour les dépenses :

    « De fortes réductions opérées sur la liste civile, l’ancienne maison militaire, le personnel des ministères, des administrations publiques, les traitemens des fonctionnaires haut placés ;

    « Des améliorations considérables dans les situations inférieures de la magistrature, du clergé et de l’armée ;

    « La dotation de l’instruction publique presque triplée par le développement de l’instruction populaire ;

    « Nos forces de terre et de mer accrues en hommes et en matériel, les charges de l’Algérie occupant une place qui était vide en 1830 ;

    « L’application à des travaux productifs des impôts volontairement supportés par les départemens et par les communes ;

    « Et enfin 130 millions de plus consacrés, en une seule année, à la création ou au perfectionnement de nos moyens de défense et de communication. »