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LETTRES SUR LA SESSION.

et passionnée, parce qu’elle serait inquiète et aigrie. Les esprits s’enflammeraient, et d’incurables ressentimens sépareraient pour toujours peut-être des hommes qui pourraient s’entendre à l’heure qu’il est.

Puisse l’exemple de la dernière législature n’être point perdu ! Abandonnée à elle-même au début, sans principes, sans guides, tiraillée, divisée, déconcertée par les querelles personnelles, elle n’a pu suivre une marche régulière et forte. Appuyant tour à tour les cabinets du 12 mai, du 1er mars et du 29 octobre ; guerrière à l’origine, pacifique à la fin ; dévouée à l’excès au pacha d’Égypte, puis l’abandonnant aux colères de la coalition ; votant des mesures de réforme et les repoussant plus tard ; soutenant le cabinet du 29 octobre, tandis qu’elle condamnait le traité du droit de visite et les réductions projetées dans l’effectif naval, elle n’a point exercé sur le pays l’ascendant et la puissance qui doivent être l’apanage des pouvoirs parlementaires. Je désire ardemment que la chambre élue en 1842 s’attache à une politique moins intermittente, et se montre digne du rôle considérable qu’elle est peut être appelée à jouer en France et en Europe.

La discussion de l’adresse a laissé la question ministérielle indécise, mais une occasion prochaine permettra de la résoudre : nous verrons l’attitude que prendra la chambre, et si votre impartialité vous permet d’accueillir encore des communications qui peut-être ne sont pas en complète harmonie avec vos opinions personnelles, nous reprendrons l’examen de ces graves questions.


Un Député.